Les mangas étant une véritable institution au Japon, il est inévitable qu’ils subissent eux aussi la terrible épreuve des adaptations cinématographiques. Si on a dû subir certains portages totalement…honteux, pour resté poli ("Battlefield Baseball", "Zeiram", "Cat’s Eye", "Priest", "Devilman", "The Guyver : Mutronics", "Dragon Tiger Gate", "Fist of the North Star : Ken le Survivant", "Gegege no Kitaro 1&2", "Initial D", "Lady Oscar", "Niki Larson", "GTO The Movie"…), on a aussi pu voir des bonnes choses plus au moins fidèles au manga d’origine ("Crying Freeman", "Yatterman", la trilogie "20th Century Boys", "Azumi 1&2", "Blood : The Last Vampire", "Gantz 1&2", "Casshern", "Speed Racer", "Crows Zero 1&2", "Himizu", "Coq de Combat", "Cutie Honey", la trilogie "Death Note", "Ichi The Killer", "Ashita no Joe", "Hentai Kamen", "Storm Riders…). Aujourd’hui, c’est au célèbre et non moins culte « Kenshin le Vagabond » que le cinéma japonais s’attaque ; et ayant beaucoup apprécié ce manga, je commence le visionnage avec un sentiment mêlé de crainte et d’excitation. Et bien, je vais en rassurer plus d’un, car la crainte a disparu très vite pour ne laisser place qu’à l’excitation : "Rurôni Kenshin : Meiji Kenkaku Roman Tan" est une adaptation vraiment réussie de notre manga adoré ! Se concentrant essentiellement sur le début du manga (et plus particulièrement les quatre premiers tomes) sans en suivre exactement la chronologie, nous suivons donc Kenshin, un ancien assassin surnommé « Battosaï » durant l'époque du trouble Bakumatsu, qui est devenu un vagabond depuis l'instauration de l'ère Meiji et parcourt le pays muni de son sabre à lame inversée, avec le désir de ne plus jamais tuer. Il rencontrera alors une jeune fille qui cherche à protéger son dôjô, Kaoru Kamiya, et finira par s'installer chez elle après l'avoir aidée. Il fera alors aussi la connaissance de Yahiko Myôjin, le disciple de Kaoru, de Sanosuke Sagara, un bagarrerur invétéré et Megumi Takani, une médecin fuyant un homme riche pour lequel elle travaillait... Pour ce qui est d’autres personnages du manga, nous retrouverons donc Jine Udo, l’assassin se faisant passé pour Battosaï ; Saito Hajime qui est assez discret au final ; Kanryû Takeda, le riche et malhonnête employeur de Megumi ainsi que ses gardes du corps : Hannya des Oniwabanshu (mais avec un visage bien plus présentable que dans le manga !) et un autre qui rappelle un peu Shikijo (en plus petit et moins baraqué tout de même !) mais dont le look fait plus penser à Anji des Juppon Gatana. Par contre, nulle trace d’Aoshi, et le nom des Oniwabanshu n’est jamais prononcé. Nous aurons même une séquence où Kenshin nous raconte comment un jeune samouraï lui infligea une cicatrice à la joue, sans toutefois que le personnage de Tomoe ne soit cité (quand je repense à tout ça, je me dis qu’on aura très certainement un deuxième film…j’en reparlerai plus tard). Du côté de la réalisation, Keishi Ôtomo ("Platina Data", "Hagetaka") nous propose de très belles images (la première séquence sur un champ de bataille avec ses tons gris et sa neige tombante recouvrant des cadavres : mélancolique à souhait) et une mise en scène alternant judicieusement sobriété (l’arrivée de Kenshin au dôjô Kamiya) et dynamisme, surtout dans les scènes d’action. Car oui, les séquences d’action font honneur à « Kenshin le Vagabond » : avec de puissantes et rapides chorégraphies, on assiste à des combats prenants très bien montés (oui, c’est LISIBLE !! Pas de caméra à l’épaule parkinsonienne ici !). Vraiment, ça fait plaisir à voir…j’ai particulièrement apprécié le combat à mains nues entre Sagara et le sbire de Kanryû qui rend bien hommage à notre cher ami bagarreur ; et je trouve l’assaut de nos héros de la résidence de Kanryû classe. Côté acteur, nous avons dans la peau de Kaoru la jolie Emi Takei, qui est surtout connu pour avoir participé à de nombreux dramas TV. Pour Megumi, le choix s’est porté sur Yû Aoi (aussi actrice dans des dramas) et c’est une erreur : la demoiselle fait malheureusement trop gamine pour incarner cette jeune femme fatale au passé trouble. L’assassin Jine Udo est parfaitement flippant grâce à l’interprétation de Koji Kikkawa ("Three for the Road", "The City of Lost Souls", les deux derniers "Kamen Rider") ; tout comme Munetaka Aoki ("Battle Royale 2", "Tokyo Rhapsody", "Heavenly Forest", "Hara-Kiri") qui nous campe un excellent Sanosuke Sagara, tout en ironie et désinvolture. Par contre, j’ai été déçu par Teruyuki Kagawa qui, malgré le fait qu’il soit en général bon acteur ("Les Démons à ma Porte", "The Go Master," "Sukiyaki Western Django", "Tokyo Sonata", les trois "20th Century Boys", "Kaiji The Ultimate Gambler 1&2"), campe un Kanryû Takeda un peu trop excentrique en surjouant à mort. Mais la vraie bonne surprise du film, c’est Kenshin lui-même, à savoir Takeru Sato : même s’il avait obtenu le rôle principal de "Rookies", "Beck" et des trois "Kamen Rider Den-O" (que des adaptations de mangas au passage !), je ne pouvais m’empêcher de ne voir en lui qu’un minet qui ne doit ses rôles qu’à sa jolie gueule d’ange …et bien j’ai ravalé mes paroles car Sato endosse pleinement le costume du célèbre épéiste et arrive même à retranscrire tout ce qui fait l’essence même du personnage : mélancolique dans son regard lorsqu’il repense au passé, air ahuri quand il est surpris en disant « Oyo » (les connaisseurs apprécieront) et regard de psychopathe quand Battosaï est en action. Non vraiment, je lui tire mon chapeau et j’espère qu’il continuera de faire de bonnes prestations dans le futur.
Au final, "Rurôni Kenshin : Meiji Kenkaku Roman Tan" est vraiment une bonne adaptation du manga de Nobuhiro Watsuki qui ravira les fans et pourra même séduire ceux qui le ne connaisse pas (et par extension, les pousser à découvrir le manga). Et si certains se sentent frustrés car il ne s’attarde que sur les premiers volumes du manga, et bien sachez que deux suites sortiront en 2014 et 2015 : "Rurôni Kenshin : The Great Kyoto Fire" et "Rurôni Kenshin : End of a Legend" (titres provisoires). Nous aurons sûrement le plaisir de retrouver Aoshi, Seijûrô Hiko, Tomoe, Enishi, Sôzô Sagara, Eiji, Sôjirô Seta ou encore le terrible Makoto Shishio !!...enfin, espérons le !