Premier volet d'une trilogie adapté du manga éponyme de Nobuhiro Watsuki, Kenshin le vagabond débute sur des chapeaux de roue l'histoire d'un personnage prometteur pour les aventures à venir. Fort bien interprété par Takeru Sato, tout droit sorti d'un manga, le personnage marque dès sa première apparition : le tout est stylisé pour mettre en avant sa force meurtrière destructrice, pour nous révéler la toute puissance inarrêtable de sa maîtrise du sabre.
Et si le début du film sera à ce point ultra violent, c'est pour scinder le film en deux : d'un côté, son ouverture sanguinolente qui nous montrera toute l'étendue de la force du protagoniste, le dénommé Kenshin, pour ensuite laisser la place, pour toute la suite du film, à une réflexion sur le pacifisme des samouraïs après l'apogée de leur ère, en plus de mettre en avant la difficulté toute certaine de faire un film de sabre sans que son héro ne soit un fou furieux assoiffé de sang.
Parce que Kenshin le vagabond est un film militant pour l'abandon des armes et de la violence, contre la peine de mort et la vengeance qui, si l'on en suit ses mots, n'apportera que d'autres vengeances et peines de mort (extrapolation amenée par la réflexion et les répliques de certains personnages). Kenshin le vagabond est un film qui laisse à penser, qui laisse songer sur les pistes qu'il nous tend gentiment, comme le ferait un grand film psychologique.
Et cet effort de réflexion et de participation intellectuelle du spectateur est d'autant plus surprenant que l'on pourra avoir l'impression, dès l'ouverture du film, que l'on se trouve face à un autre film de sabre banal, ultra violent et stylisant constamment ses échauffourées sanglantes de manière presque Snyderienne. Il y a, en effet, une véritable inspiration Snyderienne dans ce film : les ralentis, la manière d'esthétiser les combats, de rapprocher les plans des corps et des objets, l'on dirait un mélange de 300 et des films de sabre de Tsui Hark.
Savoureux mélange que voici, propice aux scènes d'action les plus torrides ou primales, Kenshin le vagabond marque par son désir d'intellectualiser sa violence, suivant le schéma pertinent de Né un 4 juillet : en montrant l'ultra violence de ses débuts, le film tend rapidement à justifier de manière intelligente et pertinente le non emploi de la violence. Disons que l'on ressent aisément que Kenshin a causé trop de morts, qu'il a fait couler suffisamment de sang pour teinter des forêts entières d'hémoglobine coagulée.
Conséquence logique qu'il décide de ne plus jamais ôter la vie de ses ennemis, se servant même d'un sabre à lame inversée, sublime personnification de son nouveau mode de vie pacifiste. L'on regrettera la caricature grossière et outrancière des grands méchants du film, qui surjouent à vous en crever la rétine. Rapidement ridicule, ils font parfois entrer le film dans le registre de la comédie burlesque, chose dont se serait bien passée l'oeuvre. Malgré cela, Kenshin est un excellent film, puissamment beau et émotionnellement fort. A voir, une expérience peu commune.