Jairo Boisier a écrit le scénario en 3 mois. Tout est parti d'un reportage qu'il a vu à la télévision dans lequel une journaliste très connue attendait une star du X en bas de chez elle dans le but de pouvoir l'interroger. Un procédé qui a beaucoup surpris le réalisateur : "Très vite, j’ai ressenti beaucoup de compassion pour cette jeune femme et une forme de dégoût vis-à-vis de la presse qui ne s’intéressait qu’au potentiel sensationnaliste de cette histoire."
Plutôt que de se concentrer sur le vécu d'une ancienne actrice pornographique, Jairo Boisier a choisi de dénoncer la société actuelle, qui a une tendance récurrente à "catégoriser" les gens selon leurs comportements ou leurs choix de vie. Il explique : "Le film cherche à être plus universel que cela. Il parle de la difficulté à changer de vie, à regagner confiance en soi lorsque votre biographie vous poursuit où que vous alliez et que partout, vous devenez un élément perturbateur qui déstabilise tout, indépendamment de votre volonté."
Le village de Fabiola constitue également un personnage à part entière et participe de cette dénonciation. En effet, à travers ces habitants se reflète une forme de mentalité provinciale, emprunte d'une certaine intolérance. "Mais au-delà du village, je fais aussi le portrait de tendances inhérentes à beaucoup de familles chiliennes profondément marquées par des conflits de générations et des problèmes de communication."
Le réalisateur Jairo Boisier a choisi de privilégier les plans séquences dans sa mise en scène. Il a voulu illustrer le fait que dans le village d'enfance de Fabiola, rien ne se passe jamais. Il a également souhaité garder une certaine distance avec son personnage : "Je voulais enfin que le spectateur l’accompagne plutôt qu’il ne regarde à travers ses yeux afin qu’il ne soit pas dans la subjectivité psychologique du personnage."
Avec l'aide du directeur de la photographie Raul Heuty et du directeur artistique Javier Marticorena, Jairo Boisier a apporté un soin tout particulier au cadrage du film et à la lumière : "En termes de couleurs et d’atmosphère générale, on a choisi des teintes hivernales et on s’est appuyé sur les décors naturels de la ville."
Tout au long de sa vie et de sa carrière, Jairo Boisier a été inspiré par divers réalisateurs et courants cinématographiques : il est particulièrement admiratif du cinéma d'Ozu dans les années 1950, mais reste très sensible aux films du Nouvel Hollywood, courant qui a marqué les années 1970. Côté français, ses préférences vont vers Jacques Tati et Robert Bresson. Quant à son pays natal, le Chili, il reste fidèle à Raoul Ruiz, dont la pensée et l'inventivité le fascine. Le metteur en scène explique par ailleurs que sa vision du cinéma a changé dès lors qu'il a assisté à des rétrospectives de réalisateurs tels que Fassbinder ou Michael Haneke. Voir leurs œuvres dans leur intégralité a définitivement modifié son approche du 7ème art.