Le réalisateur Robin Entreinger admet que son intérêt pour la figure du tueur en série dépasse le cadre du cinéma : "Je suis fasciné par ce qui n’apparaît pas au premier abord chez les gens, ce qui est tapi au fond d’eux. Comme c’est dit dans le film, nous portons tous un masque à un moment ou à un autre pour cacher notre part d’ombre. C’est universel. Bien sûr, on n’a pas tous pour autant des envies de meurtre..."
Il était important pour le réalisateur de conserver une part d'ambiguïté en ce qui concerne le personnage du tueur : "Dans beaucoup de flms, on trouve des personnages simples, stéréotypés, dans lesquels il est facile de se projeter immédiatement. Là, je recherchais au contraire une sorte d’inconfort. Il fallait qu’il soit calme, posé, y compris jusque dans le final : il parle à sa prisonnière presque avec amour, en tout cas avec compassion."
Victimes se distingue du reste de la production des films de genre français par son approche très réaliste qui refuse le clin d'oeil cinéphile. En termes de technique, le long-métrage est filmé caméra à l'épaule ou sur pied mais il n'y a pas de travelling, ni de grue ou de steadicam. Tous les décors sont par ailleurs de vrais lieux existants. Le réalisateur revendique cet effet de proximité : "Si on avait voulu raconter une histoire plus complexe, ou opter pour une histoire plus typiquement cinématographique, il nous aurait fallu un budget plus élevé. Mais ce n’était pas le cas et pour ce que nous avions entrepris, notre budget était tout à fait suffisant."
Bien que le film mette en scène un tueur en série, le réalisateur ne souhaitait pas porter de jugement sur lui : "Le film se refuse tout point de vue moral, toute dénonciation de quoi que ce soit. Mon seul but était de suivre de manière clinique l’évolution de mon personnage. Pourquoi passe-t-il à l’acte alors que chez la majorité des gens, la violence reste contenue ?"