Si vous voulez voir Jason Statham avec des cheveux, courez voir "Homefront". Et profitez-en bien parce que ça va être de courte durée. Je ne parlais pas du film, hein, mais bien de l’espérance de vie capillaire du personnage. Bon ce long métrage n’est pas bien long non plus, mais il est bien rempli, bien rythmé, aéré de quelques temps morts sans que ceux-ci ne tombent dans la longueur. Pourtant, le scénario de Sylvester Stallone a comme une odeur de déjà-vu, de classique, de pas bien original. On ne peut lui reprocher, puisqu’il s’est basé sur le roman éponyme de Chuck Logan. Par rapport à la base, le scénariste s’est permis malgré tout de prendre quelques libertés, notamment en déplaçant le lieu de l’intrigue. Une intrigue dont le point de départ nous est présenté par une sorte de mise en bouche, laquelle va définitivement accrocher l’attention du spectateur. Une entame qui sert d’introduction, de mise en place du contexte quant à la suite des événements. S’ensuit un générique de début, véritable ellipse qui nous fait traverser deux années, mais un générique qui regorge d’éléments importants pour la bonne compréhension quant à l’évolution de la situation. Je disais que la curiosité résidait dans le fait de voir Jason Statham avec des cheveux. Beaucoup de cheveux ! Mais pas seulement. Par la suite, on le voit dans un rôle de père. Un rôle tout à fait inédit pour lui, mais un rôle qui lui va bien. Cela lui donne l’occasion de montrer qu’il a un vrai talent en art dramatique, par les scènes tout en intimité que son personnage a avec sa fille, une intimité dont le point d’orgue sera atteint lorsque la fillette témoignera non sans émotion du manque produit par l’absence de sa mère. Une bien jolie séquence, conclue sur un sourire tordu par la peine partagée en lieu et place de mots vains et inutiles. Cette notion de père attentionné donne une force supplémentaire à cet homme qui n’aspire qu’à offrir le meilleur à la seule chose qui lui reste, sa fille : au sein d'une petite bourgade en apparence tranquille, lieu idéal pour reconstruire une vie calme et sereine en se posant dans une charmante maison en bois entourée de vastes espaces peuplés de magnifiques arbres pliant sous les nombreuses et lumineuses inflorescences. Tout cela rend son combat plus féroce, un combat qui démarre incidemment dans une cour d’école. Les liens privilégiés qu’il tient avec sa fille tendent à augmenter l’authenticité des divers affrontements qu’il va avoir. Certains de ces affrontements se limitent aux regards échangés, tandis que d’autres vont jusqu’à la castagne. Ah ben oui, avec Jason Statham, il faut s’attendre à en avoir. Et le spectateur va être servi, d’autant plus que les combats sont parfaitement chorégraphiés et plus percutants que jamais, sans que ça s’éternise dans d’improbables échanges de coups interminables. Il en ressort donc un film musclé dans lequel la haine et la violence montent crescendo dans une ville où les différents ne se règlent non pas par le dialogue mais uniquement à l’ancienne, pour finalement aboutir à une situation hors de tout contrôle. Les différents personnages sont mis en place chacun de leur côté, le plus souvent deux par deux. Puis les fils s’entrelacent tantôt peu à peu tantôt assez rapidement pour les amener à une confrontation directe, jusqu’à un final où tout le monde a son mot à dire, que ce mot soit petit ou grand. Ainsi, Phil Broker n’apprend qu’à la moitié du film l’existence de son véritable adversaire local, en la personne de Gator Bodine, interprété par un James Franco très inspiré avec son regard vicieux au possible ! En attendant, Broker doit composer avec la haine empoisonnée de Cassie Bodine Klum (Kate Bosworth), les intimidations timorées de Jimmy Klum (Marcus Hester), les pressions brutales exercées par les hommes de main de Gator, les conseils bienveillants de la belle Susan Hatch (Rachelle LeFevre), l’amitié de Tee (Omar Benson Miller), les soupçons de la police locale en la personne du shérif Keith Rodrigue (Clancy Brown) et bien sûr la complicité éclatante entre lui et sa fille. Se peut-il que Statham est pris autant de plaisir à jouer avec une enfant ? Il est tellement étonnant dans ce registre qu’il y a peut-être à creuser de ce côté-là, mais il faut dire que la jeune Izabela Vidovic lui donne parfaitement la réplique, apparemment pas du tout impressionnée par le statut de star de son principal interlocuteur. La construction est maîtrisée, ce qui rend ce thriller d’action agréable à suivre, malgré l’absence remarquée de l’humour (ce qui n’est absolument pas gênant) et en dépit du fait que le spectateur sait d’avance comment tout cela va se finir.