Après deux premiers volets réalisés par Jérôme Salle en (2008 et 2011), c’est la première fois que le cinéaste belge Olivier Masset-Depasse s’attaque à Largo Winch, d’autant qu’il vient plutôt du cinéma d’auteur ( Illégal, Sanctuaire, Irremplaçable).
Avant de se lancer dans la réalisation, la première passion d’Olivier Masset-Depasse est le dessin. Il a grandi en Belgique et il s’est rapidement tourné vers la bande-dessinée, ayant même étudié à l’Institut des Arts de Diffusion (IAD). C’est là qu’il a eu comme professeur Jean Van Hamme, le créateur de Largo Winch : "On peut donc dire qu’il y a eu comme un fil rouge, depuis les BD que j’ai lues dans mon enfance, jusqu’à ma rencontre avec le professeur Van Hamme et le « passage à l’acte » de ma mise en image de son univers." confie-t-il.
Un temps annoncé au casting de Largo Winch : Le Prix de l'argent, Omar Sy ne sera finalement pas de la partie.
Comme pour les deux précédents volets, Tomer Sisley a tenu à réaliser lui-même ses propres cascades, notamment pour la scène de la course poursuite au début du film, qui dure sept minutes : "Je me fais tracter par une voiture, je viens m’accrocher à un pickup en moto sur la roue arrière, je percute un des gars sur le pickup, je me bagarre dans la voiture et je passe par-dessus le bord du pickup en y restant accroché ! Je n’avais jamais autant travaillé pour pouvoir effectuer moi-même mes propres cascades que sur ce film." dit-il. Si James Franco a eu peu l’occasion de faire ses propres cascades dans ses films aux États-Unis à cause du coût des assurances, il a également donné de sa personne pour exécuter les chorégraphies de combat lui-même, sans doublure.
Interrogé par le magazine Télé Loisirs en avril 2024, Tomer Sisley a confié s'être blessé à de nombreuses reprises sur le tournage : "Je me suis arraché l’épaule en moto à l’entraînement pour une cascade avant le premier jour de tournage. Quelques semaines après m’être blessé l’épaule, j’avais une cascade à faire en luge par -30 degrés. Il fallait dévaler une pente, sauter de la luge, le tout avec une épaule arrachée. C’était un sacré challenge [rire, ndlr]. Et puis lors de cette cascade, j’ai réussi à préserver mon épaule mais je me suis cassé l’avant-bras.... Évidemment après le lendemain, il y avait une scène de bagarre à faire avec James Franco." Un tournage éprouvant pour l’acteur de 49 ans.
Dans le scénario, les personnages de Largo Winch et de Chloé Riva (campée par Clotilde Hesme) étaient censés tomber amoureux l’un de l’autre. Mais l’actrice a suggéré au réalisateur d’éviter les stéréotypes de la femme désirable à la James Bond Girl, et s’éloigner des clichés. Les rapports entre le héros et Chloé sont donc plus complexes grâce à elle.
Élise Tilloloy, qui incarne Bonnie, est Française mais elle devait interpréter une Québécoise avec un accent prononcé. Pour se fondre dans le rôle, elle est partie plusieurs semaines au Canada pour s’imprégner de l’accent et elle ne l’a pas abandonné une seule fois pendant le tournage, au point que même ses textos aux membres de l’équipe étaient formulés avec des expressions québécoises !
Le tournage de Largo Winch : Le Prix de l'argent s’est déroulé aux quatre coins du monde, avec une diversité de décors… et de conditions météorologiques extrêmes. Si la scène de la mine a été filmée à Charleroi en Belgique sous une chaleur accablante, ce n’est rien à côté de certaines scènes réalisées en plein coeur de la jungle thaïlandaise, sous 48 °C.
Deux jours plus tôt, l’équipe tournait une scène en Europe à 2200 mètres d’altitude, sous -20 °C: "En Bulgarie, nous avons passé plus de 11 heures consécutives par - 20°C ! Il paraît que c'était l'hiver le plus froid depuis cinquante ans" déclare Olivier Masset-Depasse. Des conditions difficiles voire dangereuses, puisque pour la scène près de la tombe de la femme de Largo, l’équipe du film a dû traverser des tunnels de mines en 4x4 pendant vingt minutes !
Grand admirateur de Ridley Scott, Olivier Masset-Depasse a été influencé par son esthétique fantastique sans perdre en réalisme et en naturel. Pour le décor de la mine, il s’est inspiré du futurisme du dessinateur Moebius, de même que dans les costumes style cyberpunk. Néanmoins, le réalisateur témoigne de son éclectisme en s’inspirant tant du cinéma coréen que de la saga John Wick sur le côté spectaculaire du film.
Le réalisateur a fait appel à un coordinateur cascades, Jérôme Gaspard, qui a dû faire face à un décor complexe, qui ne correspondait pas au scénario d’origine : "Au lieu de partir d'un bureau et de dégringoler comme prévu, nos personnages devaient maintenant grimper sur des structures depuis le sol. Cette nouvelle configuration était moins logique pour une confrontation, puisqu'en général, lors d'un combat, on a plutôt tendance à dévaler un escalier après avoir pris des coups." explique-t-il avant de poursuivre : "Nous avons donc dû trouver des solutions pour rendre crédible le fait que les héros grimpent dans la structure tout en maintenant la tension de vouloir s’entretuer."
Ce décor était par ailleurs dangereux puisqu’il s’agissait d’une mine avec des barrières métalliques et que les décorateurs ont dû sécuriser pour les acteurs.
Ce nouvel opus rompt avec les deux précédents, à la manière de James Bond avec Casino Royal. Olivier Masset-Depasse souhaitait montrer un Largo Winch plus humain, moins masculiniste, avec ses failles et plus d’aspérités. Par ailleurs, il est confronté à des problématiques actuelles comme les technologies vertes et innovantes tout en étant tourmenté par son passé.
Ce troisième volet cinématographique de Largo Winch est inspiré des tomes 13 et 14 de la bande-dessinée de Philippe Francq et Jean Van Hamme, intitulés "Le Prix de l’Argent" et « La Loi du dollars ».
Même si le tournage s’est fait aux quatre coins du monde, Olivier Masset-Depasse et son équipe ont tenu au respect de l’écosystème et des cultures locales, tout en cherchant à limiter au maximum leur empreinte carbone. De nombreuses économies ont ainsi été faites en limitant les personnes en plateau, évitant de surcroît les déplacements d’un grand nombre d’individus et la réduction les logements sur place.
Les adaptations cinématographiques de Largo Winch ( en 2008 et 2011) totalisent 3 millions d’entrées.
Il y a de nombreuses différences entre le scénario original et le film. Le personnage de James Franco, insensible à la douleur, se retrouve ainsi avec la jambe en feu. Une scène réalisée sans trucage puisque l’équipe a vraiment mis le feu à sa jambe, sans avoir eu recours à une doublure. Une expérience risquée que l’acteur a tenté sans hésiter.
Pour le plongeon final, Tomer Sisley se trouvait à 13 mètres de hauteur et devait sauter dans un réservoir artificiel spécialement construit par l’équipe de décoration. Cependant, pour une histoire de rendu visuel, le réservoir ne contenait que … 20 cm d’eau. Si l’acteur avait mal effectué son plongeon, il risquait donc de s’écraser la tête la première sur le béton.
La particularité de Largo Winch: Le Prix de l'argent est que les effets spéciaux ou les rajouts par ordinateur sont pratiquement invisibles : "De même, quand Largo débarque chez Tarrant, il est censé se trouver dans le grand nord canadien alors qu’on a tourné la scène en Belgique. On a donc ajouté de la neige et créé des routes enneigées, mais l’objectif est avant tout que le spectateur ne s’en aperçoive pas." déclare Tristan Lilien, superviseur VFX. Par ailleurs, pas moins de 100 plans de tablettes, téléphones ou ordinateurs ont été insérés en post-production à l’image, sans que le spectateur ne puisse s’en rendre compte.