En adaptant la bande dessinée de même nom, Pierre-François Martin-Laval témoigne tout à la fois d’un respect du matériau original et d’une inventivité apte à convertir le support livresque en œuvre de cinéma : le comique, s’il reproduit le découpage en planches par le cisèlement des plans et le choix de séquences courtes, puise aux sources du slapstick avec ses chutes, ses coups et ses cascades improbables. La photographie très colorée Régis Blondeau, fidèle de l’acteur-réalisateur, reproduit l’esthétique de la vignette et la colorisation assurée sur la page par Jacqueline Guénard. L’intelligence du long métrage réside également dans le dialogue établi entre deux générations de comédiens, l’une appartenant aux années 80-90 – François Morel, Christian Clavier, Isabelle Nanty, Dominique Pinon – l’autre à la décennie 2010 – Kev Adams, Stéfi Celma… –, quoique la priorité soit ici donnée aux confirmés : les plus jeunes tendent à s’effacer au profit des professeurs, regardés avec bienveillance dans leurs singularités et dans leur amour sincère pour un métier si souvent déprécié par l’opinion publique aujourd’hui ; il s’agit alors de convertir les nuls en vainqueurs, occasionnant certes des facilités scénaristiques et des tics de mise en scène à la mode (ralentis, chansons à l’origine de petits clips), mais s’inscrivant dans une tradition du cinéma populaire français que composent, entre autres, Les Sous-Doués (Claude Zidi, 1980), Le Maître d’école (Claude Berri, 1981) et Le Plus beau métier du monde (Gérard Lauzier, 1996). Une réussite modeste, une réussite néanmoins.