Une poétesse islandaise excentrique et son fils venant de la Jamaïque, un grutier sympathique travaillant gaiement au sommet du monde, une laverie qui sert aussi de cybercafé, une loutre dans la salle de bain du personnage principal, vous pensez que ce sont les mots de poème de Jacques Prévert ou Charles Cros. Ce sont en fait des caractéristiques du petit film décalé et sucré de Solveig Anspach, Queen of Montreuil . Une chose est sûre aussi burlesques soient-elles ces incongruités vous feront sourire plus d'une fois. Mais ne vous y trompez pas, Queen of Montreuil n'est pas qu'une comédie, ou disons que c'est une comédie douce-amère dont le sujet principal est la mort et ses conséquences amères, le chagrin, le deuil et le retour problématique à la vie. Mais si l'ombre de la Mort est présente dans plusieurs de ses films Solveig Anspach ne recourt jamais aux violons du mélodrame ou au réalisme brut. Au contraire elle opte pour un ton léger et décalé. Ainsi la pauvre héroïne de cette comédie sérieuse Florence Loiret-Caille qui excellente est confrontée comme évoqué précédemment, à une islandaise complètement folle , a son fils irresponsable, a un lion de mer dans sa baignoire et un voisin amoureux d'elle. Grâce à ce choix astucieux, le rire alterne avec les larmes, la légèreté avec la gravité, le goût acidulé de la vie avec le goût pâteux de la mort. Rarement le cœur a-t-il été aussi léger face à l'évocation d'une œuvre de deuil. Eh bien n'hésitez pas à entrer dans le monde personnel et attachant de Solveig Anspach votre cœur coulera et en même temps vous rirez élégance suprême...