Je ne sais pas vous, mais moi, quand je vais voir ce « Sept mercenaires », je n’ai absolument pas en tête l’œuvre originale. Je pense que depuis quelques années on a tous plus ou moins compris que la frilosité d’Hollywood en termes d’investissement l’amène à réutiliser de vieilles franchises (Enfin bon… Pour peu qu’on puisse considérer les « Sept mercenaires » comme une franchise… L’air de rien, le simple fait de dire ça, c’est quand même un peu flippant en terme de perception du cinéma par Hollywood.) Du coup, loin des envies de comparer ou de retrouver un état d’esprit ou une atmosphère, j’y suis allé avec pour seul espoir d’y voir un western efficace… Et sur ce point, c’est un peu mi-figue mi-raisin… disons surtout au départ. Parce que oui, au début du film, j’avoue que j’ai eu pas mal de difficultés avec cette reconstitution de l’Ouest américain dans lequel on se permet quelques anachronismes de mœurs. Le héros principal est noir, il est mandaté par plein d’Etats et… ça ne choque personne. Effectivement, aujourd’hui, ça ne choquerait sûrement personne (ou peu). Mais là… Voir tout le racisme de l’époque se reporter seulement sur les Asiatiques, j’ai juste un peu bloqué. Et l’air de rien, cela pourra paraître bête, mais comme ce genre d’anachronismes – qu’il touche les Noirs, les femmes, les Indiens – refaisant surface assez régulièrement au cours du film, cela a nui clairement à mon immersion. J’avais l’impression de regarder un « Western Disney », où il fallait que toutes les minorités soient présentes et respectées. C’est étrange et pas très pratique… Mais bon, pour peu qu’on sache s’y acclimater un tant soit peu, on peut à mon sens, sur le reste du film, profiter des qualités que ce « 7 mercenaires » a à nous proposer. Moi, d’abord, j’ai commencé par apprécier le fait que ce film ne s’embarrasse pas d’un schéma narratif compliqué. Politiquement, socialement, cinématographiquement, il n’a visiblement envie de rien dire de particulier. Du coup, au lieu de nous la faire à l’envers en brodant avec du vide, Antoine Fuqua applique ses codes sagement en suivant le rail de l’intrigue de base, sans originalité, le tout avec des personnages simples facilement identifiables… Mais franchement, moi je trouve que ça marche plutôt pas mal. Le titre nous pose une grosse bande de méchants à fesser et annonce sept mercenaires pour leur faire la chique. Eh bah l’air de rien, il parvient à nous amener chacun de ces mercenaires habilement. Chacun à son moment, et chacun parvient à vivre tout au long de l’intrigue. D’ailleurs – on ne va pas se mentir – moi je suis aussi venu pour le plaisir de voir un aussi beau casting réuni. Denzel Washington, Vincent D’Onofrio, Ethan Hawke, Byung-Hun Lee, voilà une brochette qui me parlait. Et que le film sache gérer ce casting habilement, l’air de rien, c’est déjà un bon point pour ce « 7 mercenaires ». Parce que bon, quiconque s’est coltiné les derniers blockbusters à base de super-héros comprendra que l’exercice est loin d’être évident et qu’il peut souvent sombrer dans le ridicule et le frustrant. Et donc, non seulement le film réussit déjà ce premier point, mais en plus, il le fait dans le cadre d’une intrigue qui se développe de manière très limpide, sachant s’articuler autour de la promesse d’une grande confrontation finale. Rencontre ; préparation ; confrontation : ça coulisse tout seul et ça fait le taf. Moi franchement, j’ai l’impression d’avoir tout eu, dans le bon ordre, et selon le bon rythme. Bref, j’y ai clairement retrouvé mon compte. Pas de révolution certes. Pas de caresse de tétons durant le visionnage non plus. Mais un bon moment de passé. Franchement, pour moi, c’est déjà ça. Alors après reste l’autre question : est-ce que ça valait bien le coup de déflorer l’œuvre originale de John Sturges pour y associer ce film là ? Personnellement, je ne sais pas, et je m’en moque un peu. Au moins le film est pour le moins honnête et tient globalement la route. Rien que pour ces aspects là, moi je prends…