Comme souvent dans les films de Claude Lelouch, Salaud, On T'Aime a un rythme propre au réalisateur. Comme une sorte de lenteur, parfois un faux rythme comme disent les coureurs à pied. De temps en temps il y a comme des ratés. Et pourtant le spectateur se laisse emporter. D'autant plus facilement que le scénario interpelle. Jacques Kaminsky (interprété par Johnny Hallyday) a eu 4+1 enfants, toutes des filles, avec autant de femmes. Son vœu le plus cher est de les réunir toutes, au moins une fois. Quand on n'a pas vu ses enfants depuis longtemps, on peut comprendre. Tout devient possible avec deux rencontres : une nouvelle femme, Nathalie (Sandrine Bonnaire), encore une diraient les fâcheux, et une maison. Les rencontres et les retrouvailles sont le prétexte à quelques belles répliques comme "On est fidèle tant qu'on ne n'a pas trouvé mieux.", "Une chanson c'est un poème qui prend l'air.", "Le hasard a toujours du talent.", "Y'a deux mots que j'ai jamais su dire, c'est papa et pardon.", "Si tu meurs, j'te tue." Outre le problème de rythme évoqué plus haut, le choix de l'interprète du personnage principal. En effet le charisme de Johnny est tel qu'on n'arrive pas à se détacher du chanteur. À tel point qu'on a du mal à croire à la filiation avec les filles de Jacques. De plus, les allusions fréquentes à la surconsommation de cigarettes de Jacques, à sa maladie (on pense au cancer des poumons, sans qu'il soit nommé), font presque de Salaud, On T'Aime un film prémonitoire sur la fin de vie de l'idole des jeunes. Un bon Lelouch quand même.