Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'histoire que raconte Craig Zobel dans son film s'inspire d'un fait divers. En 2004, aux États-Unis, un homme appelle la gérante d'un fast-food pour lui signaler un vol commis par l'une de ses employées. L'homme se présente comme étant un policier alors que ce n'est pas le cas. En 10 ans, il aurait passé 70 appels dans des endroits différents, désignant à chaque fois des coupables qui étaient toujours des victimes prises au piège, et les plaçant ainsi dans des situations humiliantes. Il fut arrêté peu après l'affaire du fast-food.
Pendant le tournage, Craig Zobel a fait le choix de réaliser son film dans les conditions réelles du fait divers. Les acteurs étaient donc vraiment au téléphone avec le personnage joué par Pat Healy. L'acteur était isolé des autres comédiens dans un second plateau pour ajouter une vraie tension au tournage. A un certain moment, le téléphone d'Healy s'est arrêté de fonctionner, et il a dû jouer la scène dans la même pièce que les autres acteurs, ce qui lui a rendu la tâche plus compliquée : "J’ai dû monter dans le bureau et le faire en direct avec eux, en les observant. Et c’est devenu très inconfortable pour moi. Abuser de ces personnes était beaucoup plus facile quand j’étais en bas, loin d’eux, sans les voir."
Le cinéaste s'est tourné vers l'acteur qui tenait déjà un rôle dans son premier film, Pat Healy, pour jouer le faux policier. Au départ, l'acteur n'était pas très emballé par ce personnage, auquel il est impossible de trouver de bons côtés : "Le personnage ne m’excitait en rien. C’est vraiment un personnage repoussant. Si j’avais eu beaucoup de temps pour y penser, j’aurais peut-être refusé". Healy a même fait le choix de ne pas chercher à en savoir plus sur la personne qu'il interprétait, préférant se recentrer sur lui-même : "Honnêtement, je n’avais rien pour me raccrocher, c’est difficile de s’identifier à quelqu’un qui semble si inhumain. Mais je traversais une période vraiment difficile dans ma vie. (...) Je suis vraiment parti de mon ressenti."
Pour entrer dans son personnage de faux policier, Pat Healy a visionné les épisodes d'une émission de télé-réalité qui suivait le quotidien de policiers américains. L'acteur s'est inspiré de la manière dont ils arrêtaient les gens : "Il y a un comportement très impersonnel qui fonctionne pour désarmer les gens. Il y a beaucoup de phrases comme, "Cet individu particulier" et "Je vais devoir vous demander de…" Il y a aussi le fait d’employer un ton sévère, mais en disant "s’il vous plait" et "merci". C’est une tactique pour semer la confusion, vous ne savez vraiment plus quoi penser", explique l'acteur. Dreama Walker, qui joue la victime du canular, s'est pour sa part documentée, tout en ayant eu connaissance de l'affaire par le passé : "Je me souviens quand c’est passé aux infos en 2004. Je finissais le lycée, j’ai exactement le même âge que la victime dans l’affaire de Mt. Washington. (...) J’ai regardé un certain nombre d’interviews et j’ai essayé de connaître le plus de détails possible."
Pour la bande originale du film, Craig Zobel pensait initialement utiliser une musique d'ascenseur, principalement pour des raisons budgétaire : "Je me suis aperçu que cette musique n'était pas réaliste dans un fast-food. Dans ce genre d'endroits, on entend des artistes comme Lady GaGa ou les Black Eyed Peas, en gros les artistes du Top 40". Cependant, le budget de Compliance n'étant pas assez important pour pouvoir acheter les droits musicaux de ces artistes, Zobel s'est alors tourné vers une solution alternative : "J'ai découvert le site ourstage qui permet de découvrir toutes sortes d'artistes encore inconnus dans des styles différents. Du rap, de la pop, etc... Notre budget permettait d'avoir les chansons d'un grand nombre d'artistes présents sur ce site."
Filmer des gens en train de se parler au téléphone a toujours été un défi pour les cinéastes. Mais lorsque le film ne repose que sur cette action, il faut redoubler d'inventivité pour ne pas ennuyer le spectateur. Craig Zobel l'explique bien : "Je crois que l'une des choses les plus ennuyeuses à tourner ou à regarder au cinéma sont deux personnes qui se parlent au téléphone. Tous les plans étaient donc minutieusement préparés pour ne pas faire que des plans d'ensemble". Ce défi, qui consiste à rendre une simple conversation téléphonique intéressante à regarder, a attiré bien d'autres cinéastes. On peut par exemple citer Joel Schumacher, qui força Colin Farrell à rester en ligne dans une cabine téléphonique pendant 1h20 dans Phone Game (2002).
Compliance a été diffusé dans trois des plus importants festivals de cinéma : à Sundance, à Locarno et à Deauville. Par ailleurs, l'avant-première mondiale, au festival indépendant de Sundance, a causé de nombreux débats et a énormément fait réagir les spectateurs.
Le réalisateur de Compliance a étudié le cinéma à la North Carolina School of Arts. C'est là-bas qu'il a rencontré les producteurs du film, David Gordon Green et Lisa Muskat, mais aussi Adam Stone, directeur de la photographie. Stone avait précédemment officié sur tous les films de Jeff Nichols, réalisateur de Take Shelter... qui avait fait ses études dans la même école qu'eux !