Pendant ce temps là, au rayon boucherie du Leclerc
Voici le deuxième volet de la saga des zombies par Romero. Il ne s’agit pas d’une suite mais plutôt d’une continuité dans l’exploitation du zombie comme élément de langage.
Les grandes villes américaines sont sous la pression d’une épidémie de zombification. Quelques personnages fuient la ville et vont se réfugier dans un grand centre commercial où ils pensent pouvoir se ravitailler et maîtriser les entrées et les sorties. Enfin surtout les entrées. En plus, ça tombe bien, il y a des promos sur le pâté de tête.
Le début est pour le moins chaotique. Dans un studio télé, tout le monde s’écharpe pour savoir comment lutter contre cette menace. A l’évidence, personne ne veut voir la réalité en face, que tout est déjà cuit. Pendant ce temps-là, la police intervient dans un ghetto et tire à vue sur une population noire et latina qui refuse de brûler ses corps. La confusion est totale. En creux, on lira le prolongement du propos du premier volet. L’ordre est raciste et le chaos déchaîne la violence du pouvoir. En fait, ce deuxième volet commence réellement à l’arrivée au mall. Là, errent des zombies sans but. Ils sont là car leur corps sans esprit se souvient du besoin qu’il y avait jadis à fréquenter ce lieu. Quand nos personnages s’installent, c’est l’euphorie de l’opulence. On fait les boutiques, on soigne son intérieur. D’une certaine manière, on flâne dans ce paradis du monde moderne. Comme les zombies en fait. Plus tard des pillards vont passer par là et, sous des airs d’anarchistes post-apocalyptiques, ils vont eux aussi embarquer tout un tas de trucs dont ils n’ont pas besoin. Et dans le même temps, laisser là le costume cravate symbole du monde de l’argent et bousiller une télé symbole de l’abrutissement des masses. Cette joyeuse punkerie est ponctuée d’un humour potache et cynique tout à fait réjouissant. Le suspens installé tient ses promesses malgré quelques fils blancs scénaristiques grossiers ça et là. Le défouloir gore est aussi joyeux qu’explicite. Il nous rappelle ce temps où le numérique n’avait pas sa place et où la tripaille étalée remplaçait la CGI pour impressionner le spectateur. Les plaisirs simples de la vie en fait. A l’interprétation, c’est correct sans être éblouissant mais on est toujours content de voir ce bon vieux Tom Savini. A noter, la musique est signée Goblin et elle est aussi fabuleuse que d’habitude. A noter également, de très belles idées de mise en scène et quelques plans à l’esthétique parfaite.
En bref, ce brûlot contre la société de consommation est un plaisir de (presque) tous les instants. Il sait osciller entre spectacle de pur divertissement et fond caustique. Fortement conseillé donc à ceux à qui quelques têtes éclatées ne feraient pas peur, qu’ils aient vu le premier volet ou non.