Bon allez, disons le tout de suite, Zombie est mon film de zombies favori. Interdit en France pendant cinq ans, son accueil dans l'hexagone est des plus catastrophique (à part par Mad Movies et L'Ecran Fantastique), mais son statut d'oeuvre culte sera réhabilité que des décennies plus tard, où son propos contre la société de consommation sera véritablement analysé. Car Zombie (Dawn of the Dead en version originale) est, à l'image de l'oeuvre de Romero dans sa quasi totalité, plus qu'un simple film d'épouvante avec des morts vivants.
En effet, Zombie fait une allégorie de la société de consommation dans le centre commercial, avec ces morts et ces vivants, qui, l'un comme l'autre, singent leurs vies passées à travers ces magasins. Mais, encore plus que cette métaphore largement mieux réussie que dans le remake de Zack Snyder (L'Armée des Morts, divertissant mais con), Zombie est un film réussi sur de nombreux plans. Et si des mauvaises langues diront que le film a pris un coup de vieux, moi je répondrais juste que c'est ce qui fait son charme : cet univers coloré, très seventies et partiellement décalé et psychopathe. L'ambiance du film est parfaitement installée par un Romero qui livre véritablement une performance de réalisation, avec des personnages marquants interprétés par des acteurs très charismatiques (je pense à l'excellent Scott H. Reiniger, dont ce fut pour ainsi dire le seul film si l'on excepte Knightriders, aussi de Romero, mais de même au reste du casting, dont aucun ne trouvera d'autres rôles au cinéma que dans des séries B d'horreur ou des seconds rôles invisibles dans des plus grosses productions) - on peut de même évoquer le gore et la violence maîtrisés, le tout mis en valeur par un jeu de la photographie et des plans très bien mené.
Le scénario, plus vague mais néanmoins passionnant, finit de faire de Zombie une réussite totale, et pour moi la plus grande réussite et de Romero et du cinéma des morts vivants à ce jour. Car il est surement à la fois le plus futé et le plus fun des métrages du genre, mais aussi le plus marquant, tant ces images et cette ambiance restent littéralement dans la tête. Culte, parfait, l'aboutissement d'une oeuvre et d'un genre.