Si Matt Porterfield commence à chercher un financement pour son film en 2011, c’est 4 ans auparavant que la genèse d’I Used To Be Darker débute avec une première ébauche de script. Il le retravailla par la suite en compagnie d’Amy Belk. Lui écrivait, ici, son troisième scénario alors qu’il s’agissait d’une première pour la jeune femme.
L’idée du scénario est venue des vacances passées par Matt Porterfield à Ocean City. Dans la station balnéaire, le réalisateur a rencontré nombre d’étudiants étrangers venus découvrir les Etats-Unis, et notamment une en particulier travaillant là. C’est cette dernière qui l’a motivé à développer son scénario.
Le divorce de Kim et Bill, qui affecte leur fille Amy, est directement tiré de la vie du réalisateur Matt Porterfield. Comme cette dernière, c’est en rentrant à l’été de sa première année à l’université qu’il a dû affronter la séparation de ses parents : "Mon propos était de raconter honnêtement l’histoire d’un divorce et c’était pareil pour Amy. Nous étions passés par là l’un et l’autre (…)Nous voulions faire partager notre expérience et ce qu’elle nous avait appris de la complexité et de la vitalité qu’il y a même dans un divorce ; que c’est autant un commencement qu’une fin pour les deux couples concernés et pour leurs proches. C’était une affaire personnelle", dévoile le cinéaste.
L’origine du titre du film est à trouver dans une chanson de Bill Callahan intitulée "Jim Cain". "Je l’avais entendue pour la première fois alors que je me trouvais au milieu d’une séparation, qui avait fini par un divorce. Cette chanson faisait écho en moi. Je l’ai fait écouter à Amy et elle nous a servi de guide tout le temps que nous avons travaillé ensemble", explique Matt Porterfield. La chanson dit ainsi : "I used to be darker, then I got lighter, then I got dark again, something to be seen was passing over and over me (Une ombre noire pesait sur moi, puis elle s’est éclaircie, puis à nouveau obscurcie, quelque chose qu’on voyait ne cessait de repasser au-dessus de moi)."
En plus d’incarner Bill et Kim, Ned Oldham et Kim Taylor ont prêté leurs voix pour quelques chansons dans le film. Il faut dire que l’un comme l’autre sont des musiciens accomplis. Le premier a sorti 7 albums avec son ancien groupe The Anomoanon et a débuté une nouvelle aventure à la tête d’Old Calf dont le premier opus est sorti en 2011. De son côté, Kim Taylor poursuit sa carrière solo, qui compte déjà 5 albums dont Love’s A Dog sorti en 2013.
Kim Taylor et Amy Belk se connaissait avant de travailler sur le film. Les deux jeunes femmes s’étaient rencontrées au Florida Bible College où elles ont fait leurs études. "Elle m’avait fait écouter sa musique et l’on a commencé à sélectionner sur Internet des vidéos de ses prestations. C’est là que nous avons inclus quelques-unes de ses chansons dans le script", se remémore Matt Porterfield qui a, pour sa part, rencontré Ned Oldham quand ce dernier était enseignant à Baltimore.
Dans I Used To Be Darker, la réalité et la fiction ne sont jamais loin l’une de l’autre. Ainsi, Hannah Gross suit des cours d’art dramatique. Des études également suivies par son personnage Amy. Par ailleurs, l’amitié qui lie Hannah Gross à Deragh Campbell (Taryn) n'est pas feinte. Les deux jeunes femmes, que Matt Porterfield a rencontrées à New York pour la projection de Putty Hill, sont amies depuis leur naissance et n’ont jamais rompu le contact. "Leur audition m’avait fait une grosse impression et l’idée que l’amitié profonde qui les liait dans la vie pourrait transparaître dans le film me plaisait beaucoup", se souvient le réalisateur.
Comme pour Hamilton que Matt Porterfield a réalisé, l’action de son troisième film se déroule dans la ville de Baltimore, où il est né 36 années plus tôt. "On me pose très souvent des questions sur mes liens avec Baltimore et généralement je réponds en énumérant les choses qui m’intéressent dans cette ville : les bruits de l’été, la qualité de la lumière, la ligne Mason-Dixon et ses retombées culturelles, les traditions maritimes, l’industrie somnolente. Mais à dire vrai, ce qui m’inspire le plus c’est son insondable mystère. Baltimore, et plus généralement l’état du Maryland, est plein de mystères. Je pourrais y passer ma vie entière et faire cent films sans jamais les résoudre. C’est ce qui la rend si fertile", s’attarde l’enfant de Baltimore. On trouve également des traces de la cité du Maryland dans Putty Hill puisque tous les protagonistes du film y habitent.
Une grande partie du casting a vécu sa première expérience devant la caméra à l’occasion de ce tournage. C’est le cas des acteurs principaux Deragh Campbell, Kim Taylor et Ned Oldham. Nicholas Petroski, Geoff Grace, Ellis Woodward et Jimi Zhivago font également leurs débuts en tant que comédien. "J’aime travailler avec des acteurs novices : il me semble qu’il est plus facile de transposer leur vraie vie sur l’écran. Et puis, quand le public ne connaît pas un acteur, il a l’impression de faire une découverte, sans parler du fait que cela semble plus réaliste", apprécie Matt Porterfield.
Jeremy Saulnier est un fidèle de Matt Porterfield. Les deux hommes en sont à leur troisième collaboration en autant de films réalisés par le natif de Baltimore.
Ce film constitue la première expérience sur un tournage 100% étranger pour Adèle Exarchopoulos, héroïne du récent La Vie D’Adèle d’Abdellatif Kechiche.