On est là ! rassemble deux thèmes déjà présents dans la filmographie de Luc Decaster. Le quotidien d'une longue grève de travailleurs sans-papiers n'est pas sans rappeler deux de ses précédents documentaires : Rêve d'usine, un long métrage sur la lutte de salariés dans une usine de literie ; et Dieu nous a pas fait naître avec des papiers, un film qui s'intéressait au sort des immigrés.
Luc Decaster était encore en plein montage de son dernier film lorsque On est là ! s'est imposé à lui : "Le désir de filmer m'arrive avec la vie. Le film s'impose à elle". Au moment où la décision d'occuper l'entreprise a enfin été prise, le réalisateur venait de terminer son montage. Il a donc décidé de suivre dès ses débuts l'action des salariés de Clean Multiservices.
Le tournage de On est là ! a demandé au réalisateur Luc Decaster de se positionner clairement face aux évènements qu'il filmait : "J'ai toujours refusé un cinéma simplificateur, fait de héros positifs et de méchants, au nom d'un "militantisme" qui à mon sens n’œuvre pas en faveur du Cinéma Indépendant. L'important était aussi de ne pas empiéter sur le terrain des grévistes ; de ne pas compromettre le mouvement par une présence intempestive de la caméra. Trouver la bonne distance entre la caméra et les personnes filmées, c'est le pari du film", détaille-t-il.
Partagé entre son désir d'être un "citoyen soucieux de soutenir sur le terrain des valeurs justes", tout en restant un "cinéaste libre" qui préserve "une distance face au conflit", Luc Decaster est finalement devenu un acteur de son propre documentaire : "A la demande des travailleurs sans papiers, dès le premier soir j'ai dû poser la caméra pour participer personnellement aux tractations avec la police."
Plusieurs conditions doivent être remplies selon la législation française pour qu'un travailleur sans papiers puisse demander une régularisation. Les préfectures exigent : cinq ans de présence sur le territoire français, un an de fiches de paye au cours des 18 derniers mois, ainsi qu'un contrat de travail à temps plein, pour une durée d'au moins un an.