"Évacuation", "loi martiale", "contamination"... Comme tous ces mots sont prononcés en moins de cinq minutes et vu le titre du film, ça sent l'apocalypse à plein nez pour Jack, Patrick, Emma et son petit bébé Lu. Mais pas une apocalypse rigolote, non, plutôt une où un terrible virus transforme les humains en créatures prêtes à tout pour croquer leur prochain. Alors qu'ils tentent de fuir avec l'aide de militaires, leur convoi est attaqué par les infectés et Emma perd un morceau de bras dans la bouche d'un de ces charmants affamés.
Neuf ans plus tard, en pleine ère glaciaire (ne vous demandez surtout pas comment une épidémie, aussi dévastatrice soit-elle, a pu engendrer un tel phénomène climatique, personne n'a semblé bon de répondre à cette étrange question), les créatures sanguinaires ont toutes disparu de la circulation. Isolés, Jack et Patrick sont voisins mais ils ne se parlent plus depuis des années. Le premier élève la petite Lu en autarcie pendant que le second descend toutes les bouteilles de whisky qui lui tombent sous la main. Seule l'affection de Lu pour le chien de Patrick créé un maigre lien entre les deux habitations.
Lorsqu'un infecté ressurgit de manière inopinée et que celui-ci semble avoir évolué en simili-bestiole de "The Descent" (à part des oreilles qui partent en vrille, ce sont exactement les mêmes), ça commence à sérieusement paniquer sous les toits des deux maisons...
Apparemment doté d'un budget aussi glacé que ses décors, "Extinction" aurait pu être une petite série B vraiment sympa grâce à ce trio de personnages qui crée une dynamique assez atypique pour ce genre de film. Si l'on passe sur la durée excessive et improbable du conflit entre les deux hommes vivant à deux pas l'un de l'autre (il aurait fallu raboter de quelques années pour rendre ça plus crédible), les premiers instants nous retraçant de manière intimiste le quotidien des deux survivants en opposition ont quelque chose de réellement fascinant dans ce contexte post-apocalyptique.
Seulement, le film va avoir la mauvaise idée d'entretenir plus que de raison le mystère sur les causes de la brouille entre Jack et Patrick. Des flashbacks poussifs vont tenter de distiller des indices très vite inutiles tant le spectateur comprendra rapidement les origines du conflit dignes d'un mauvais soap-opera (même si, dans ce contexte, il est vrai qu'elles prennent une autre ampleur).
En fait, au final, cette tentative de sortir du lot se révèle infructeuse et, une fois les créatures réapparues, "Extinction" repart sur des sentiers bien trop classiques pour convaincre, allant parfois même jusqu'à s'aventurer dans les poncifs les plus usés (le pardon par le sacrifice : baillement poli).
L'interprétation convaincante a beau sauver les meubles (excellents Matthew Fox et Jeffrey Donovan) et quelques belles idées autant sur le fond (la montée dans la folie plutôt originale... qui n'aboutit sur rien) que sur la forme (le chouette plan-séquence étage par étage pendant l'assaut final) émergent ici et là mais rien de suffisamment transcendant pour empêcher "Extinction" de s'éteindre à petit feu.