Kevin Costner et Woody Harrelson forment un duo inédit et excitant, malheureusement sur Netflix plutôt que sur le grand écran. Et cela pour un film qui, sur le papier, l’est tout autant. Si les comédiens font plaisir à voir ensemble, on aurait cependant une œuvre plus mémorable, moins propre. Sinon, narrer l’histoire de Bonnie Parker et Clyde Barrow du point de vue de la loi se révèle en effet pertinent. Car tout le monde pense la connaître de près ou de loin. Elle fait partie de l’inconscient collectif l’histoire de ce couple de bandits mythique et sulfureux. Un couple ayant défrayé la chronique dans les années 30 et dont la légende est toujours vivace, notamment grâce au film d’Arthur Penn et des chansons mythiques comme celle du duo Bardot/Gainsbourg. Dans « The Highwaymen », on nous présente le côté moins glorieux et certainement plus avéré de ce duo criminel : des tueurs de flics (de sang-froid), toxicomanes, braqueurs violents et venant d’un milieu très populaire. C’est assez intéressant et une double mise en parallèle donne du propos et du coffre au long-métrage de John Lee Hancock qui aime à retracer l’histoire de figures célèbres de son pays après « Alamo » ou encore « Dans l’ombre de Mary ». Il y a d’abord celle de l’adoration que suscitait Bonnie et Clyde pour la population avec la fascination que l’on constate pour les stars de télé-réalité, les criminels ou les bad boys/girls, proche de l’idolâtrie. C’est un versant passionnant du film, mais pas assez creusé. Il y a ensuite une critique en biais, plus discrète, des banques de l’après fameuse crise de 1929 que l’on peut comparer à celle grognant actuellement dans notre société.
Sur la forme, « The Highwaymen » se révèle irréprochable, fondu dans une reconstitution à l’ancienne de toute beauté et une mise en scène classique mais adaptée. La caméra de Lee Hancock nous assène même quelques plans bien trouvés (le prologue ou des plans larges sur la campagne du Texas) qui flattent l’œil. Et le choix de ne pas montrer les brigands (ou juste de les suggérer) est pertinent puisque l’intrigue se focalise sur les rangers de l’époque chargé de les stopper. A ce niveau, on pourra reprocher au scénario un déroulement un peu trop linéaire et manquant quelque peu de punch. Et sur les deux heures et quinze minutes que dure le long-métrage, le montage aurait pu être resserré d’une petite demi-heure. On aurait également aimé que les seconds rôles soient plus étoffés, en particulier celui du personnage de Kathy Bates qui joue le gouverneur du Texas, surnommée Ma, une exception à ce poste à cette époque. La fusillade finale, brève et efficace, est exemplaire mais l’ensemble du film, s’il est tout à fait plaisant, reste peut-être trop sage et classique pour pleinement convaincre. Quant à Kevin Costner, ce rôle d’homme mutique et taciturne lui va comme un gant, mais il n’étonne pas vraiment. Une histoire légendaire américaine, peut-être pour la première fois aussi proche de la réalité, et qui ne manque ni d’atouts ni de panache mais reste peut-être un peu trop en surface à tous les niveaux. Aussi lisse et propre que les costumes de l’époque.
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