LE western mythique ! Alors qu’il pensait en avoir fini avec le genre après Le Bon, la brute et le truand, Sergio Leone est amené à y retourner et décide d’en offrir une sorte de version ultime. Chaque séquence est poussée vers le grandiose et le prouve dès les quatre premières séquences de présentation qui sont chacune complètement mythique
(l’affrontement entre les tueurs de Frank et Harmonica, l’assassinat de la famille McBain par Frank et ses hommes, l’arrivée de Jill et sa traversée de l’Ouest, l’introduction de Cheyenne qui se trouve confronté à Jill et Harmonica)
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Ainsi, Leone utilise chaque élément dont il dispose pour offrir du pur cinéma : chaque cadre est extrêmement travaillé et réfléchi ; les costumes et les décors, du plus petit détail au plus gigantesque (Monument Valley en hommage au western classique et surtout à John Ford), également ; le travail sur le sons atteint des sommets notamment en jouant sur le silence
(la première séquence, servant de générique, reste mythique pour cela ; les grillons qui s’arrêtent annonçant la présence des hommes de Frank à la ferme des McBain…)
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Pour ce qui est du son, il est impossible de ne pas évoquer la sublime musique d’Ennio Morricone. Le compositeur italien atteint le sommet de son art et l’aboutissement de son travail sur le western. Chaque "héros" possède son propre thème et tous sont monumentaux tout comme le reste de la bande originale. Leone considère Morricone comme un coauteur du film et applique une méthode rare (la musique est composée en amont et, le son étant postsynchronisé, est diffusée en direct sur le plateau pendant le tournage des séquences) permettant d’accorder parfaitement la musique et la mise en scène.
Même si on pourrait regretter que la partie centrale semble être traitée trop rapidement pouvant donner l’impression de trous dans la narration (pourquoi Harmonica et Cheyenne ne tuent-ils pas Morton aussitôt ?), le tout atteint des sommets et est un aboutissement de la vision que possède Leone de l’Ouest. Ainsi, même si les méchants absolus sont clairement Morton et surtout Frank, aucun personnage n’est irréprochable
: Cheyenne est un criminel évadé, Jill était une prostituée et n’hésite pas à s’offrir à l’homme qui a tué son mari pour survivre, Harmonica trahit Cheyenne (rappelant en cela les rapports Blondin-Tuco du Bon, la brute et le truand)
. L’Ouest est un monde qui s’est construit sur la violence et le machisme. Ce dernier aspect est pour une fois souligné par Leone en offrant un des principaux rôles (voire LE principal) à une femme (Jill)
qui, après avoir subi de multiples violences, sera finalement présentée comme un des éléments positifs du nouveau monde en construction (elle materne les hommes installant les rails de chemin de fer dans la séquence finale)
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Les acteurs de leurs côtés ne seront jamais aussi sublimes que sous la caméra de Leone : Claudia Cardinale, Henry Fonda, Charles Bronson, Jason Robards… Tous sont à leurs paroxysmes bien qu’ils possèdent tous une sacrée carrière.
Que dire donc d’autre d’Il était une fois dans l’Ouest que tout y est mythique et que Leone y atteint des sommets (même si certains pourront lui préférer la trilogie des dollars pour sa plus grande présence de l’humour). Et pourtant le cinéaste sera capable de livrer un film peut-être encore plus grand avec Il était une fois en Amérique.