Il était une fois dans l'Ouest n'a pas volé son statut de film mémorable : à peine fini, on a des séquences entières plein la tête. Comme cette ouverture presque muette (le chef de gare dit quelques mots, avant qu'on laisse les bruits s'exprimer) dont la tension est palpable : l'un des bandits laisse des gouttes d'eau éclater une à une sur son chapeau, l'autre tente de chasser une mouche sans bouger en soufflant dessus, et un autre patiente en faisant des va-et-viens visuels de bout en bout de la ligne de rails... Cela dure un bout de temps, mais l'on est accroché à la goutte, à la mouche, aux rails, comme si tout le scénario en dépendait, grâce à la mise en scène de Sergio Leone et la musique lancinante d'Ennio Morricone. Et quand le train passe, le film démarre sur les chapeaux de roues avec son intrigue soignée. L'on débarque donc du wagon sur une histoire de terrain acheté une bouchée de pain qui vaudra bientôt son pesant d'or quand les rails passeront devant les bâtisses, sauf que le contrat d'achat stipule qu'il faut que les travaux soient finis à temps, sinon c'est le riche Morton qui empochera le tout... Tiens, la famille qui était l'acquéreuse du terrain a été descendue (sauf l'épouse cachée, qui venait retrouver le père de famille), une coïncidence qui met le feu aux poudres, entre les bons gars qui veulent défendre la veuve et ceux qui veulent s'emparer du magot. Une histoire plaisante à suivre, surtout avec son casting impeccable, entre Charles Bronson le taiseux qui préfère jouer ses trois notes à l'harmonica que faire un long discours (trois notes, et il arrive à tout nous dire), Claudia Cardinale la beauté fatale qui nous fait chavirer le cœur au moindre regard félin, Henry Fonda en grand méchant (une première, pour lui) très calme mais non moins dangereux (un final en duel attendu, dont la qualité est largement à la hauteur de nos attentes) et Jason Robards très charismatique en Cheyenne, l'homme à qui tout le village fait une sale réputation (mais nous savons, en spectateur omniscient, qu'il n'en est rien). Pour être tout à fait honnête, le film nous a parfois paru un peu long dans ses 2h45 (et encore, il en durait 3h30 en sortie cinéma en 1968), mais il faut aussi avouer qu'on a peu de recul sur le genre du western (pas notre dada) et qu'avec un peu plus de bouteille, on l'aurait certainement encore mieux aimé (on se le remettra), aussi si vous aimez déjà le genre, vous pouvez ajouter une bonne étoile (de shérif). La troisième place au box-office cinéma français de tous les temps (en ratio "nombre d'entrées / population", derrière Titanic et La Grande Vadrouille) est fièrement occupée par ce western de qualité. L'ouverture et les trois notes d'harmonica sont instantanément mémorables.