whaou quelle claque !! Adapté du 3ème livre de Irvine Welsh, qui nous avait écrit le sublime Trainspotting, réalisé par Dany Boyle, nous voici cette fois avec "Ordure". Une satire encore une fois sur l'Ecosse (comme Trainspotting) nous dépeignant une écosse dans tous ses maux, ses préjugés raciales, homophobes; sexistes à souhait. Tout ça teinté sur fond de dépression chronique, de drogue, d'hallucinations, et d'alcool. Clairement, nous suivons l'histoire de Bruce Robertson, sergent amorale dont une promotion opportuniste se présente à lui, mais il n'est pas le seul candidat en liste. Robertson est un flic pourri, associable, détestable, amorale, prêt à faire tous les pires coups bas auprès de ses collègues, afin de les décrédibiliser sur ce poste. Seulement, voilà un meurtre a été perpétré dans un tunnel par une bande de Junkie contre un jeune asiatique, et une blonde aurait été témoin du meurtre mais il est impossible de la retrouver. Robertson est chargé de mener cette enquête. Le soucis majeur, c'est que Bruce souffre de grave problèmes de dépression,
lié à la mort de son jeune frère plus jeune, et la perte de sa femme et de sa fille, qui l'ont quitté il y a déjà quelques années quand ils se sont rendus compte qu'il se droguait.
. Pour palier à ces maux récurrents qui lui rappellent son mal être il se complaît dans un monde bercé d'illusion, compensé par les prises massives de coke. Il en devient une personne mysanthrope, opportuniste, cynique, pervers, sadique, odieux, machiavélique et emplie de bassesses morales pour arriver à ses fins. James Mc Avoy nous livre ici une interprétation exemplaire, et coup de poing pour un film teinté de multiples bad trip pour notre plus grand plaisir (et l'on retrouve d'ailleurs le style de Trainspotting dans ses délires). Seulement, sous ces airs de parties délirantes jubilatoires, ce film se révèle une vraie force d'un thriller psychologique très sombre, et d'une descente aux enfers. Nous finissons par avoir au delà de la pitié, de l'empathie pour cet homme, dont les élucubrations jubilatoires ne sont qu'un voile tissé par son psychisme, et une grosse part d'inconscient afin de cacher la détresse qui le ronge à petit feu chaque jour. Incapable de se prendre en main, et démuni d'être devenu une déchéance humaine, Robertson préfère palier ce mal être en calomniant et humiliant avec un plaisir sadique tout ce qui l'entoure. Cette chute vertigineuse nous surprendra grâce au talent époustouflant de Mc Avoy jusqu'au glas final, où un soubresaut d'espoir aurait pu arriver (
l'acceptation et la rédemption),
mais où le final nous est dévoilé comme une claque inévitable, à l'image du sort inévitable que finit par recevoir le personnage.
(suicide, et juste avant leçon non tiré de ses terribles erreurs puisque ses travers reprennent ou plutôt tentent de reprendre le dessus juste avant sa mort).
. Le tout sublimé par une Bo magistrale, et une version de Creep à la fin vraiment bien en adéquation avec la situation. Au final, Welsh nous a encore sorti un chef d'oeuvre amorale, sombre et teinté de désespoir d'une écosse en mal d'être, et ne sachant accepter les vérités à l'image de ce personnage qu'est Robertson, perdu, dépassé par l'avenir, peur du monde et de l'acceptation se réfugiant dans les subterfuges illusoires
(ici la drogue, l'amoralité machiavélique, la schyzophrénie, et l'alcool)
afin de se voiler la face, et tenter de garder une estime illusoire de soi. Un chef d'oeuvre et nul doute l'un des meilleurs films que j'ai vu en 2014. La réalisation de ce film est forte et sans concession.