Troisième adaptation d'Irvine Welsh au cinéma après le culte Trainspotting et Ectasy, "Ordure", ou "Filth" en VO, nous raconte l'histoire du sergent-détective Bruce Robertson, un flic donc à la personnalité bien trempée, chargé de résoudre un meurtre d'un étudiant asiatique par une bande de junkies, tout ça dans le but d'avoir une promotion.
Bruce veut cette promotion à tout prix et il est prêt à tout, c'est à dire discréditer ses collègues, voire les humilier si possible, avec un certain plaisir et sadisme. Le film ne raconte pas une enquête mais l'histoire de cette promotion et de Bruce. Ce dernier est détestable au possible mais le charisme de James McAvoy et l'écriture du film arrive à nous faire ressentir de l'empathie et une certaine bienveillance envers le personnage. Car c'est là les deux gros points forts du film : James McAvoy et son scénario.
McAvoy livre ici, à mes yeux, sa meilleure interprétation (au dessus de Split). C'est un sans-faute. Malgré son physique répugnant et son comportement détestable, il arrive à rendre le personnage touchant.
(Mention spéciale à sa conversation avec l'officier Drummond et la fin).
Il arrive aussi à donner un côté "fun" aux diverses actions qu'il commet (sûrement pour cette raison que le film n'a pas été diffusé en France, pour éviter les scandales), un exemple avec la photocopieuse
(Disons le clairement : il VIOLE la secrétaire, même si il s'en défend).
Le scénario, plutôt correctement adapté, gère très bien : satire de la police, de la société en générale, tout le monde prend pour son grade (comme dans toutes les oeuvres de Welsh). L'écriture du film arrive très bien à rendre le personnage principal touchant et, justement, les personnages secondaires assez tête-à-claquesques (ex : Bladesey). Le twist est plutôt bien exécuté, ce qui permet de redéfinir Bruce et de voir une autre facette de lui pour essayer de lui trouver une rédemption.
Cependant, le problème du film, et ce qui m'empêche de lui mettre une meilleure note, c'est sa réalisation, qui est juste correcte. Le film se regarde très bien mais j'en attendais beaucoup plus. Le film a quelques bonnes idées (comme les masques de bêtes à la place des visages, qui exprime le dégout de Bruce pour les autres) mais c'est assez décevant par rapport au reste du film. Par contre, c'est à regarder en VO. Je trouve la VF assez mal adaptée. La reprise de Radiohead, Creep, est excellente.
Maintenant, je vais parler du film en tant qu'adaptation. Les spoilers parleront du film ET du livre. L'adaptation est correcte, on ressent la même ambiance qui se dégage du livre et le film contourne très bien les astuces d'écritures du livre, notamment avec le ver solitaire qui devient le cabinet du psy dans le film. Cependant, le film survole l'enfance de Bruce. Dans le livre, son enfance est un sacré traumatisme que Bruce intériorise dans le livre et dans le film, cependant je trouve qu'elle est trop intériorisée dans le film, ce qui fait que le film survole cet élément. La fin du film est légèrement différente mais elle reste tout aussi émouvante (mais certes moins frappante) :
dans le livre, Bruce ne s'excuse pas auprès de Bladesey avant de se suicider. Ce n'est pas la jeune femme qu'il a essayé de sauver qui toque à sa porte dans le livre, mais son ex-femme, qu'il a appelé pour qu'elle soit témoin de son suicide et "lui infliger ça sur la conscience". Seulement, elle est accompagnée de sa fille, qui sera alors aussi témoin de son suicide, Bruce étant alors victime malgré lui de son motto : Same Rules Applies.
Je vous recommande de lire le livre après le film et, si vous en êtes capable, en VO. Je trouve la traduction assez repoussante, contrairement à l'originale qui est plutôt fluide.