Après Entre les murs, qui obtint la Palme d'or à Cannes en 2008, le cinéaste Laurent Cantet se penche à nouveau sur le thème de la jeunesse, une jeunesse rebelle, avec Foxfire, confessions d'un gang de filles. Il indique à propos de cela : "J’ai souvent filmé l’adolescence. Impossible de m’en départir, même si j’ai assez de recul à son égard pour savoir que cette période est l’une des plus dures de l’existence."
L’œuvre de Joyce Carol Oates dont est tiré le film avait déjà fait l'objet d'une adaptation à l'écran en 1996 : Foxfire, réalisé par Annette Haywood-Carter, avec en tête d'affiche Angelina Jolie. Ce premier film avait cependant placé le récit à une époque contemporaine.
Avec Foxfire, confessions d'un gang de filles, Laurent Cantet signe son septième long-métrage, mais aussi sa quatrième adaptation cinématographique basée sur un roman.
Le réalisateur Laurent Cantet affirme qu'il a cherché à marquer une différence avec le roman original, au niveau de la chronologie. Il a indiqué qu'il voulait donner forme à une restitution minutieuse de la naissance, de la vie et de l’atomisation d’une bande pour "rester au plus proche de l’énergie des filles".
Pour trouver les jeunes filles idéales pour les rôles, Laurent Cantet et son équipe sont allés à Toronto et ont fait le tour des écoles, des maisons de quartier et des centres d’accueil pour jeunes en difficultés. Les responsables du casting ont également lancé un appel sur Internet et ont auditionné plus de 500 jeunes filles. Laurent Cantet témoigne : "C’est une chose de trouver des actrices convaincantes, c’en est une autre de constituer un groupe cohérent, capable d’incarner une bande comme celle de Foxfire."
Foxfire, confessions d'un gang de filles montre une bande de jeunes filles qui se révoltent contre l’oppression masculine, leur but étant de vivre selon les propres lois de leur gang. Lorsque l'on demande au réalisateur Laurent Cantet si ses personnages appartiennent à un quelconque mouvement politique, celui-ci répond par la négative. Selon lui, ces jeunes protagonistes féminins "n’ont pas de concepts pour dire ce qu’elles expérimentent. « Féministe », par exemple, est un mot qui n’existe simplement pas pour elles". Il ajoute : "Cette question est cruciale dans mes films : avant de parvenir à penser les choses, avant de les théoriser, comment les vit-on ?"
Pour les scènes de dialogues, le directeur de la photographie Pierre Milon et son équipe ont tourné avec deux caméras HD afin de filmer l’intégralité d’une scène sans être obligé de faire des champs contre-champs. Laurent Cantet affirme : "Cette méthode exige un certain type de travail sur les décors : il n’était pas question, par exemple, d’aménager un seul côté d’une rue et pas l’autre". La directrice artistique Franckie Diago a donc dû s'appliquer à construire des décors 360° : "J’ai ainsi pu tourner un film d’époque avec le même type de liberté que s’il s’était agi d’une histoire contemporaine", se souvient le metteur en scène.
Laurent Cantet se dit particulièrement fier de son casting. Néanmoins, de toutes les jeunes actrices, Tamara Hope était la seule professionnelle. Un choix que le cinéaste explique : "Je voulais que, contrairement aux filles de la bande, elle soit sans âge, qu’elle paraisse adulte quand elle prend le thé avec les amies de sa mère et redevienne une gamine avec Legs. J’avais en tête ce qu’écrit Pasolini en marge du scénario de Théorème, à propos du jeune bourgeois de la maison : 'Il n’a pas d’âge ; il a l’âge de sa classe'."
Pour reconstituer les États-Unis des années 50, le réalisateur Laurent Cantet déclare s'être beaucoup inspiré de la photographie, avec notamment le livre de l'artiste Joseph Sterling "The Age of Adolescence" ou encore les photos de Bruce Davidson sur les bandes d’adolescents de Brooklyn.