Quatre films, trois écrivains. Maurice Barrès, Cesare Pavese, Franz Kafka. Un nationaliste français, un communiste italien, un Juif tchèque de langue allemande. Les rassembler aujourd’hui, c’est affirmer qu’au-delà de ces identités réductrices, ces trois hommes, chacun dans son ton et à sa manière, ont vécu et médité l’histoire de l’Europe moderne - ses aspirations, ses origines, sa catastrophe. Faire des films à partir de leurs écrits, c’est poser aujourd’hui, entre autres questions, celle de l’identité. Question urgente, qu’on aurait tort de refouler, quand d’autres la brandissent comme un slogan au service de politiques policières et xénophobes. Ces quatre films parlent de conflits et de blessures. Blessures et conflits qui font les hommes et les peuples. Qui ne fondent aucune identité figée, mais au contraire ne cessent de l’inquiéter, d’y substituer un questionnement de la provenance et de la destination.
"Lothringen !", "Un héritier", "Schakale und Araber" : on ne comprend rien aux peuples et aux territoires, ici et ailleurs, si on oublie les conflits qui ont scandé leur histoire, qui déterminent leurs rapports.
L’Inconsolable : on ne sait pas ce qu’est un homme, un homme ne sait pas qui il est tant qu’il n’a pas trouvé sa blessure, qu’il n’est pas descendu dans son obscurité intérieure. Le cinéma est lumière, celui de Jean-Marie Straub plus que tout autre. Mais une lumière qui se souvient de l’ombre - qui vient de l’ombre, par-dessous. Les rayons du soleil, à la fin de "L’Inconsolable", touchent le front d’un homme qui revient de loin - du cœur des ténèbres.
Voici quatre courts-métrages de Jean-Marie Straub réunis.
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