Après avoir redoré le blason de la saga Planet of the Apes, on ne s'attendait pas à revoir Rupert Wyatt sur un "petit" film, du moins pas de sitôt. Car mine de rien il s'était attiré les grâces de pas mal de monde alors on n'aurait pas été surpris de voir qu'on lui avait confié les rênes du licence à succès et même pourquoi pas la suite de la saga Planet of the Apes. Mais au lieu de ça il a fait le mort pendant un peu plus de 3 ans pour revenir avec le remake d'un film de 1974 qui porte le même titre que cette nouvelle version. Un tel revirement de carrière se montre assez déstabilisant surtout que le film n'a même pas eu l'honneur d'une sortie en salle en France malgré son casting assez prestigieux, faute peut être à un scénario déjà bien trop exploité ? Honnêtement oui le scénario est bien trop classique pour ne pas dire déjà vu. On nage en pleins dans les clichés et les situations habituelles de ce genre de films et d'un point de vue narratif le film fonctionne maladroitement. Néanmoins le film a plus à offrir que son simple aspect narratif plongeant parfois dans un propos symbolique pas dénué d'intérêt même si celui-ci reste assez survolé. Le film parle avec intelligence de la contrainte sociale, de la puissance des pulsions qui dirigent nos vies et qui son plus fortes que notre volonté et par dessus tout le film parle du mal être de ne pas pouvoir être celui que l'on veut devenir. Le film pose donc des réflexions pertinentes sur l'existence et de destiné, y a-t-il une force supérieur tel que le hasard, le destin ou même dieu qui dirige nos vies ? Ou alors somme nous libre de nos décisions et pouvons nous être celui que l'on a décider d'être ? Toute ces questions se montre relativement intéressante même si elles sont parfois énoncées avec peu de subtilités et grâce à cela chaque confrontations du film prennent un double sens et cela permet au film de sortir un peu du tout venant pour atteindre de belles plages métaphoriques. Après il est dommage que narrativement cela manque parfois un peu d'épaisseur notamment dans le traitement très succinct des personnages féminins qui étaient pourtant assez intéressant mais grâce à ça on évite l’écueil de la romance un peu niais. Mais à part ça le film dispose quand même de personnages solides à l'image du personnage principal, de Frank, de Neville et du joueur de basketball qui forme un peu le noyau dur du film, étant bien plus épais et développés que l'on aurait pu le penser. D'ailleurs chacun de leurs faces à faces se montrent savoureux grâce aussi à un véritable savoir-faire dans les dialogues et une telle maîtrise fait indéniablement plaisir à voir. Le casting est relativement bon aussi, en plus bien sûr d'être prestigieux, même si certains ne sont là que pour être les caricatures d'eux-mêmes, à l'image de John Goodman qui ne joue plus que le même rôle encore et encore. Il faut reconnaître aussi qu'il est très bon dans ce type rôle. Sinon Mark Wahlberg offre une très bonne prestation, probablement une des ses meilleures même,, il est typiquement dans la performance à oscars mais il s'en tire incroyablement bien et avec subtilité, dégageant une énergie et une mélancolie lasse qui offre une belle profondeur à son personnage. Coté féminin Brie Larson et Jessica Lange s'en tirent toutes les deux admirablement bien grâce à des prestations solides et nuancées. Le reste du cast se montre tout aussi bon avec une mention spéciale à Michael K. Williams qui se montre excellent par son naturel de jeu. La réalisation quant à elle est plutôt bien foutue, techniquement on a le droit à une photographie assez léchée même si plutôt classique au final, la sélection musicale est standard mais agréable à l'oreille et le montage est habile, maniant les ellipses avec dextérité offrant un rythme soutenu et en donnant parfois une bonne gestion du suspense qui fait grimper la pression malgré même la prévisibilité de certains passages. La mise en scène de Rupert Wyatt se montre relativement bien pensé aussi, jouant vraiment bien sur les effets de style et les détails. Les plans sont très bien travaillés et le tout s’enchaînent avec fluidité, il prouve vraiment qu'il est un faiseur d'image habile avec un vrai sens de l'esthétisme, ce qui fait un gros point fort pour le film. En conclusion The Gambler est un bon film, certes perfectible sur son scénario déjà-vu mais qui contrebalance cela par une approche symbolique bien trouvée et qui se prête admirablement au genre, surtout accompagnée par des personnages relativement solides et d'excellents dialogues. Le tout étant aussi servi par un très bon casting et d'une réalisation de qualité. Donc c'est un peu dommage que ce film ne connaisse pas plus de succès que cela et qu'il ne soit pas sortie au cinéma en France car il est bien plus méritant que certains films qui ont droit à une projection en salle obscure. Certes ce n'est pas un grand film, loin de là, mais il s'avère qu'il est un divertissement de qualité qui prête aussi à réfléchir, et il mérite pour cela qu'on lui porte attention.