Trois sœurs est le premier long-métrage de la réalisatrice argentine Milagros Mumenthaler. Diplômée en réalisation de l'université de Buenos Aires, elle a réalisé quatre courts-métrages, intitulés "¿Cuándo llega papá?", "Cape Cod", "El patio" et "Amancay".
La réalisatrice du film, Milagros Mumenthaler, explique qu'elle s'est inspirée de sa propre vie et des expériences qu'elle a vécues pour écrire Trois sœurs : "[le film] s'inspire de choses dont j'ai été témoin lorsque je vivais en Argentine ou d'événements vécus par mes propres sœurs ou moi-même."
Le casting des trois actrices principales du film a duré plusieurs mois et la réalisatrice Milagros Mumenthaler a vu passer devant elle des centaines de jeunes femmes. L'essentiel pour elle était ensuite d'apprendre à les connaître : "Les actrices avaient 16, 17 et 21 ans et c'était important qu'elles soient enthousiastes vis-à-vis du projet et qu'elles comprennent plus ou moins le film que je voulais faire. Nous avons travaillé trois mois en amont. Tout au début, le but était qu'elles passent du temps ensemble pour mieux se connaître, ensuite nous avons fait des improvisations et dès que les personnages ont commencé à apparaître, en surface, nous avons travaillé sur le scénario, en profondeur. Il fallait qu'elles comprennent ce qu'il y avait entre les lignes. Et peu à peu les scènes ont pris de l'ampleur. C‘était important, vu leur âge, qu'elles soient sûres d'elles au moment de tourner", se rappelle-t-elle.
Entre l'absence nouvelle de la grand-mère des Trois sœurs et celle de leurs parents, le film fait largement le tour de cette thématique. Une absence que la réalisatrice a choisi de matérialiser par le biais de la caméra : "Pour moi depuis le début elle devait être représentée par la caméra. Mettre la caméra au service de ce que les personnages pensent et ressentent. Les trois sœurs ont besoin de sentir la présence de leur grand-mère : qu'elle soit encore parmi elles... C'est pour ça que la caméra par moment est autonome, elle bouge sans qu'il y ait un personnage qui dicte ses allées et venues", explique Milagros Mumenthaler.
Dans Trois sœurs, le décor principal est la maison d'Alicia, la grand-mère récemment décédée. Cet élément, essentiel au film, a été très difficile à trouver pour la réalisatrice et scénariste du film Milagros Mumenthaler, qui avait en tête une idée très précise de ce qu'elle voulait. La maison du film ne lui plaisait pas du tout au départ : "Quand j'ai vu pour la première fois la maison où nous avons tourné, j'ai été catégorique : c'était non. La cuisine n'avait pas de fenêtres, l'entrée était trop majestueuse... Mais pourtant j'aimais beaucoup l'entrée du premier étage, la disposition symétrique des chambres, ça permettait de jouer avec la profondeur de champ". Pour la cinéaste, cette maison est au final comme un quatrième personnage principal, dont la fonction primaire serait de représenter les absents : "Dans le film, qui parle de relations fraternelles en crise, elle est aussi, d'une certaine manière, le pilier familial."
Liée au thème très présent de l'absence, la musique du film permet de combler un vide. En effet, certains choix musicaux servent à en apprendre plus au spectateur sur le personnage d'Alicia, la grand-mère décédée, selon la réalisatrice Milagros Mumenthaler : "Je pense que le choix de la musique parle avant tout d'Alicia, la grand-mère. À travers ses disques on peut deviner un peu plus qui elle était. En Argentine, à la fin des années 60 et au début des 70, ce n'était pas si commun de connaître Linda Perhacs, Vashty Bunyan ou Bridget St John. La musique marque une époque, accompagnée d‘une idéologie. Alicia l'a transmise à ses petites filles."