Shelter est le premier long métrage de Dragomir Sholev. Avant de passer derrière la caméra, Sholev était surtout connu en tant qu'acteur (Le Sapin de Noël à l'Envers). Le réalisateur a confié à propos de cette première réalisation : "Etre le réalisateur de votre premier film est la seule façon de faire le film que vous voulez vraiment. Je crois que le cinéma est une très grande expérience personnelle pour qu’un auteur veuille la partager avec les gens."
En travaillant sur Shelter, Dragomir Sholev s'est inspiré de ses lectures et de films qui l'ont marqué, parmi lesquels on trouve un livre sur Cassavetes, Elephant de Gus Van Sant, les films de Jim Jarmusch ainsi que des œuvres du vieux cinéma bulgare : "La meilleure chose qui m'ait inspiré pour ce film, c'est la vie réelle !", ajoute le réalisateur. En effet, le film contient plusieurs éléments autobiographiques car Sholev plus jeune avait une très grande admiration pour un punk de son quartier, et était prêt à tout pour se rapprocher de lui.
Le choix des acteurs s'est fait par hasard, à travers des rencontres dans les rues et dans les bars. Dragomir Sholev cite comme exemple sa rencontre avec le comédien qui incarne le père : "Quand je voyais un visage intéressant je me demandais si celui-ci pouvait convenir (...). J’ai rencontré Cvetan dans un bar un soir. Dès que je l’ai vu, je me suis posé la même question et en voyant son visage, la réponse m’est venue naturellement". Ayant beaucoup apprécié le travail avec des acteurs novices, le cinéaste a ajouté : "Je crois que les acteurs non-professionnels se débrouillent vraiment très bien. Travailler avec eux est un grand défi et je pense continuer dans cette direction."
Dragomir Sholev, qui est bulgare, a écrit le scénario de Shelter avec Razvan Radulescu, de nationalité roumaine, et Melissa De Raaf, qui est allemande : deux réalisateurs et scénaristes qui avaient déjà travaillé ensemble dans Felicia plus que tout en 2009. Parlant des langues différentes, les trois scénaristes ont communiqué en anglais et ont décidé de rédiger le scénario dans leurs langues maternelles respectives pour préserver la justesse des dialogues.
Afin d'obtenir des images réalistes pour son film, Dragomir Sholev a su mettre en place des mécanismes particuliers, et prendre quelques risques : "Nous voulions recréer la réalité. C'est à cet objectif que devaient répondre les accessoires, vêtements, dialogues et lumières. Par exemple, l'action se passe dans un grand ensemble typique de l'époque communiste appelé panelka. En général, dans ces immeubles, les appartements sont très petits et bas de plafond. Pendant la journée, la seule lumière est la lumière du jour qui y entre par les fenêtres. Krum et moi-même avons donc décidé de n'éclairer le plateau que grâce aux fenêtres. C'était risqué en termes d'exposition mais cela donne au film un réalisme", partage-t-il.
Shelter est composé de trois parties, rappelant ainsi la forme d'une tragédie : "Je crois que l’écriture du scénario répète les règles du drame classique ou de la tragédie (...). Ces règles du drame vous aident à développer le personnage et décrire comment il affronte ses problèmes, comment il combat ses ennemis et fait l’expérience de cette situation", explique le réalisateur.
Avant le tournage du film, les acteurs ont répété plusieurs fois avec le réalisateur, ce qui a mené à plusieurs changements dans les dialogues et même dans le scénario : "Les dialogues ont été finalisés dans la phase de pré-production, si bien que lors du tournage, je n’avais comme unique mission que d’introduire le dernier personnage du film : la caméra", confie Dragomir Sholev.
Sélectionné dans plusieurs festivals, Shelter a remporté deux Grand Prix : à la 15ème édition du Sofia International Film Festival et à la 13ème édition du Festival du Cinéma Européen en Essonne. Le film a également été salué par le prix de la mise en scène au Festival International de Bratislava, ainsi que par deux nominations de taille au Festival International du Film d'Arras 2011.