The Two Faces of January rêve à M. Ripley, en témoignent le cadre ensoleillé choisi, saisi par une photographie élégante, le choix de la romancière Patricia Highsmith à l’origine de l’histoire et la dédicace finale à Anthony Minghella, réalisateur du Talented Mr Ripley (1999), dont on retrouve d’ailleurs le fils Max crédité au générique en tant que producteur exécutif. La très belle partition musicale que signe Alberto Iglesias (compositeur, entre autres, des films de Pedro Almodóvar) laisse entendre un thème principal assez proche des envolées lyriques teintées de mystère chères à Gabriel Yared.
Tout cela pour dire que les deux faces de Janus, qui renvoient explicitement – et lourdement : les deux escaliers à la sortie du bateau, les deux files d’attente de la douane etc. – aux deux personnages masculins, mari et guide, constituent également une image du long métrage, indissociable de The Talented Mr Ripley au point de ne penser son récit qu’en miroir à même de le réfléchir, y perdant sa propre identité. Car une fois le trio introduit et le cadre géographique présenté, l’intrigue prend le pas sur l’attachement aux comédiens et l’incarnation : les acteurs sont perdus de vue, notamment la ravissante Kristen Dunst que le réalisateur laisse au second plan telle une potiche ; quant à Chester et Rydal, ils n’existent que pour les retournements de situation qu’ils créent, engagés dans un jeu de dupes stéréotypé et prévisible.
Le passage derrière la caméra du scénariste Hossein Amini est significatif : les personnages sont regardés comme des pions s’agitant sur un vaste échiquier, sans jamais exister pour eux seuls. La suspicion d’adultère demeure pour nous hypothétique tant l’alchimie entre Colette et Rydal reste une intention du scénario ; pire encore, la disparition de celle-ci ne procure aucune émotion particulière ! Si Minghella infusait dans ses images une tension érotique permanente, rendant son œuvre fascinante et mémorable, Amini se cantonne à la surface des êtres et des choses. Dommage.