Du Vent dans mes mollets est l'adaptation cinématographique par Carine Tardieu d'une bande dessinée et d'un roman éponymes de Raphaële Moussafir. Les deux femmes ont collaboré ensemble à l'écriture du scénario et des dialogues du film, ce qui s'est fait assez rapidement, comme le confirme la cinéaste en déclarant : "Il ne nous a fallu que quelques mois pour accoucher d’une première version".
Lorsque Carine Tardieu raconte la genèse du projet, on se dit que le hasard fait bien les choses ! Après avoir reçu en cadeau la bande dessinée "Du vent dans mes mollets" de Raphaële Moussafir, la cinéaste a ainsi eu un coup de cœur pour l'univers artistique de l'écrivain. C'est par hasard que les deux femmes se sont rencontrées au salon du livre, avant d'apprendre que des producteurs, intéressés par l'idée d'adapter la bande dessinée à l'écran, avaient justement pensé confier le projet à Carine Tardieu ! Pour couronner le tout, Raphaële Moussafir a elle aussi éprouvé un véritable émerveillement pour le travail de la réalisatrice en voyant son premier long, La Tête de maman. Toutes ces heureuses coïncidences aidant, les deux artistes se sont tout de suite bien entendues et ne se sont plus quittées !
Comme s'en réjouit Carine Tardieu, sa collaboration avec Raphaële Moussafir s'est merveilleusement bien déroulée : "Nous partageons le même humour, quelques névroses enfantines, une affection certaine pour l’onirisme, un esprit un peu décalé. Nous avons été les mêmes petites filles angoissées, prises en sandwich entre des parents qui, voulant bien faire, faisaient tout de travers…", déclare-t-elle avec enthousiasme.
Raphaële Moussafir est certes écrivain, mais également comédienne. Elle a ainsi adapté son propre roman sur les planches, interprétant tour à tour chacun de ses personnages, de la fillette à la grand-mère en passant par les parents ! Un exercice difficile qui prouve à quel point l'écrivain est attachée à cette histoire, "son histoire". Aux vues de la volonté farouche dont cette dernière a fait preuve pour garder la main sur son œuvre jusqu'au bout, la réalisatrice Carine Tardieu confie avoir consulté l'auteure au cours de toutes les différentes étapes de la production, notamment concernant le choix des acteurs. Comme le précise la cinéaste : "Il n’était pas question que je propose le film à un comédien qui aurait semblé rédhibitoire [à Raphaële]".
Fortes de leurs multiples points communs, Carine Tardieu et Raphaële Moussafir ont abordé l'expérience d'une manière très semblable, ce qui a parfois abouti à des coïncidences surprenantes ! La réalisatrice revient sur certains de ces troublants évènements : "Quand j'ai montré à Raphaële l’appartement que j’avais choisi pour être celui des Gladstein dans le film, elle s’est écriée : "C’est incroyable, c’était exactement comme ça chez mes parents !" Il s’est produit la même chose pour "Mon enfance", la chanson de Barbara que j’ai mise à la fin du film : Raphaële l’avait utilisée à la fin de son spectacle et je ne le savais pas", se souvient-elle.
Carine Tardieu possède un imaginaire foisonnant qui l'amène à toujours chercher de nouvelles trouvailles visuelles, comme par exemple l'utilisation de vignettes oniriques pour représenter l'univers mental de ses personnages. Elle avoue même avoir été refrénée à plusieurs reprises par ses producteurs ! En dehors de son imagination débordante, la réalisatrice a également une autre particularité : elle n'aime pas les téléphones portables ! Son film, dont l'action se déroule dans les années 80, a donc présenté un avantage de taille pour la cinéaste, qui n'a pas eu à tourner de scènes trop "technologiques" ! Les chefs décorateurs, quant à eux, avaient si bien réussi à reconstituer l'époque que toute l'équipe a été saisie d'une nostalgie soudaine pendant le tournage !
Pour trouver les enfants qui auraient pu tourner dans son film et porter au mieux cette histoire à l'écran, la cinéaste voulait impérativement choisir des acteurs non professionnels. Carine Tardieu et son équipe ont auditionné près de 500 fillettes avant d'arrêter leur choix !
Agnès Jaoui, qui tient l'un des rôles principaux dans le film, est elle-même réalisatrice. Et lorsqu'on lui demande si le fait d'être cinéaste influe sur sa façon d'appréhender son métier d'actrice sur les plateaux, elle répond : "On se laisse diriger, peut-être plus encore qu’avant". Preuve que les deux métiers ne sont pas incompatibles, bien au contraire !
Malgré sa longue expérience à la Comédie Française, Denis Podalydès n'en demeure pas moins un acteur pudique. Il a ainsi eu du mal à se libérer de sa timidité pour tourner certaines scènes, notamment celle où il devait embrasser Agnès Jaoui !
L'actrice Isabelle Carré interprète ici une mère de famille divorcée un peu fofolle, rôle qui tombait à pic pour celle qui déclare aimer "les gens qui ne sont pas dans le moule, qui ont leur chemin à eux". Gageons donc qu'elle a dû prendre plaisir à incarner son personnage, décrit en ces termes par Carine Tardieu : "Catherine fume beaucoup, elle boit beaucoup, elle n’est pas très cadrée et part un peu dans tous les sens". Un rôle sur mesure donc.