Ah ! Un « Kung Fu Panda » ! Moi perso j’adore ! Et c’est tout con, mais si je l’adore, c’est presque pour une seule et simple raison. Ce n’est pas pour le Kung-fu. Ce n’est pas pour le type d’humour présent dans ce film. Ce n’est même pas pour l’histoire ou le propos. Non. Si j’adore « Kung Fu Panda », c’est pour la magnificence de sa forme. Oui, j’aime « Kung-Fu Panda » tout simplement parce que je trouve ça incroyablement BEAU. Alors après, attention, quand je dis ça, je ne m’arrête pas qu’au seul visuel. Pour moi c’est vraiment tout un ensemble. Composition de l’univers, des décors, des cadrages, des musiques, du montage… Raaaah ! Le premier opus comme le second m’avaient tous les deux séduits pour cette incroyable énergie, cet élan, ce souffle qui les habitaient. Au fond, les histoires, je m’en moquais clairement. Au moins elles ne me choquaient pas, c’était toujours ça de pris. Même si ça jacassait parfois inutilement, au moins ça savait faire simple pour ne pas encombrer ce qui était pour moi le vrai cœur du spectacle : la forme donc. Bref, je l’avoue, je suis allé voir ce troisième opus à moitié conquis. J’espérais juste qu’il sache se renouveler suffisamment afin qu’il trouve sa place par rapport aux deux autres. Or, pour le coup, me concernant, c’est pleinement mission accomplie. L’histoire et l’univers parviennent à se développer avec une certaine cohérence et continuité, le tout – toujours ! – au service de ce souffle si caractéristique de la saga. Ah ça ! Il n’y a pas à dire : le festival commence dès la première minute et ne se termine qu’avec la dernière. Alors oui, encore une fois, on n’échappera pas à quelques jacasseries et extravagances abusées et dispensables de l’ami Po. Mais bon, dans l’ensemble, l’histoire et les intrigues de personnages parviennent à se faire discrètes pour laisser la place à la valorisation de l’univers et à la dynamique de l’ensemble. Pour le coup, ce troisième opus serait même presque le plus abouti des trois. Il a su digérer tous les apports des précédents, tout en rajoutant sa propre pierre à l’édifice. En l’occurrence, je trouve que le travail des décors et des textures est ici remarquable d’aboutissement. On pourrait applaudir la performance technique, c’est vrai, mais là pour le coup, je pense qu’on est de toute façon arrivé à une époque où il devient difficile de se distinguer sur ce domaine là seulement par la technique. Non, là, si ce « Kung Fu Panda 3 » se distingue, c’est parce qu’il y a une patte. Il y a un vrai travail dans le rendu de la lumière, dans de rendu des textures pour qu’elles prennent clairement de la substance. Un peu dans la lignée du 2, ce troisième opus développe notamment davantage son jeu d’alternance entre plans minimalistes proches du rendu d’un dessin-animé et d’autres plans bien plus fouillés et détaillés en terme de reflets, de lumières, de vapeurs… C’est tout con, mais ne serait-ce que voir comment les choses volent, craquent, brillent et sonnent dans ce film, ça rend soudainement tout cet univers bien plus vivant. Et quand du coup l’ami Po et ses compagnons de route partent à nouveau à la recherche d’une énième sublimation de leur art, moi je trouve que leur aventure prend tout de suite une toute autre dimension par rapport aux autres spectacles du genre, juste parce que derrière tout cela, il y a ce remarquable soin formel qui sait donner du souffle même à des quêtes des plus basiques. Et franchement, je trouve que ce n’est pas rien que de réussir à faire ça de nos jours. A une époque où on a l’air de croire que, pour séduire les masses, il faut toujours en rajouter davantage – Plus de bruits ! Plus de mouvements improbables ! Plus de plans ! – moi je trouve que ça fait du bien de tomber sur des studios qui savent encore mesurer leurs effets comme c’est le cas ici pour Dreamworks. Des plans clairs, des effets visuels et sonores contenus, un vrai respect du rythme et de la cadence, à la fois dans le montage que dans l’accompagnement musical : c’est vraiment impeccable. D’ailleurs, pour finir là-dessus – j’entends sur la musique – pour le coup, encore une fois, l’ami Zimmer colle totalement à la démarche globale du film. Sa composition est en totale continuité avec celle des deux précédents opus, reprenant d’un côté la plupart des thèmes tout en les réorchestrant subtilement, tandis que de l’autre il parvient à enrichir le tout avec quelques nouveaux thèmes très marquants (le thème de Kai notamment, très efficace). Bref, je pense que je pourrais encore vous en parler pendant des heures de ce « Kung Fu Panda 3 », mais pour le coup je pense que ce serait bien stérile. Un tel spectacle ne nécessite pas de se comprendre ou de s’intellectualiser. Ici, pour moi, l’intérêt est clairement dans le ressenti et dans le sens. Alors arrêtez de me lire, allez-y et faites-vous votre idée !