Jean-Paul Lilienfeld avait passablement raté "La journée de la jupe", qui, après un début plausible – un professeur de lycée, incarné par Isabelle Adjani, perdait les pédales et menaçait ses élèves avec un pistolet –, partait dans le décor. On peut toujours aller de l’avant, puisque, ici, il rate complètement son "Arrêtez-moi". On sent bien qu’il a voulu refaire "Garde à vue", le film très réussi de Claude Miller (le commissaire Lino Ventura mettait une nuit à faire avouer le criminel Michel Serrault), mais avec deux femmes, et en négatif : la meurtrière veut être arrêtée, et la policière fait tout pour l’en dissuader
L’ennui est que, plus on avance dans le récit, plus les péripéties deviennent invraisemblables, et le dialogue, franchement ridicule. Tout cela est probablement hérité du roman de Jean Teulé, un auteur surestimé qui cultive le bizarre et le paradoxal. Par exemple, pour éviter de prendre la déposition de la femme, dont on ne saura jamais le nom, la policière (on l’appelle "lieutenant", mais l’accessoriste a mal fait son travail, et l’écran de son ordinateur affiche "Inspecteur Pontoise"), de guerre lasse, casse... son propre ordinateur ! Auparavant, elle lui aura offert des fleurs qu’elle a volées sur une plate-bande, lui aura appris à réciter le "Je vous salue, Marie", et aura cassé le plafonnier de son bureau parce que deux cafards y copulaient. Choses courantes dans les commissariats...
À ces inepties du scénario et du dialogue s’ajoute le parti-pris de la mise en scène : toutes les scènes en flashback montrant la violence du mari sur sa femme qui va le tuer sont filmées en vision subjective, par une caméra fixée sur un casque de moto (poids total, huit kilos) que l’actrice devait porter. Mais alors, pourquoi en faire autant par deux fois avec les deux enfants du film, qui ne sont victimes d’aucune violence ? La fausse bonne idée par excellence, qui génère des plans cahotant et pénibles à voir.
Et puis, où a-t-on vu, en France, que les personnes gardées à vue passent la nuit en cellule, menottées dans le dos ? On les oblige aussi à dire "Votre Honneur" au président du tribunal, quand on les juge ?