3ème film et 3ème thriller pour le cinéaste Xavier Palud, qui avait auparavant réalisé Ils (2006) et The Eye (2008), en compagnie de son compère David Moreau (II).
A l'aveugle s'inscrit dans cette lignée des sombres thrillers à la française centrés sur des meurtres en série, n'ayant (presque) rien à envier aux films américains, maîtres du genre. Parmi eux, citons Six-Pack (1999), Scènes de crimes (2000), Les Rivières Pourpres (2000), Le Couperet (2004) ou encore Dernière Séance (2011).
Lambert Wilson s'est longuement préparé à jouer les non-voyants en compagnie d'une jeune femme de l’Association Valentin Haüy, qui apprend notamment aux aveugles à se déplacer et à lire le braille : "Cet apprentissage m’a permis d’approcher ce que vivent les gens privés de vue. Nous avons marché dans Paris pendant des heures, avec la canne. Cet exercice était aussi l’occasion de m’habituer aux autres perceptions qui se développent, l’ouïe bien évidemment, mais pas seulement. Quand on est dans la rue avec un bandeau sur les yeux, on devient par exemple très sensible – et c’est une nécessité – au sol, à ses aspérités", raconte le comédien.
A l'inverse des films d'action survitaminés arborant une mise en scène décoiffée par le biais d'une caméra tremblante (comme dans La Mort dans la peau par exemple), Xavier Palud a opté pour une réalisation parsemée de cadres très précis, afin de se concentrer au mieux sur les acteurs Lambert Wilson et Jacques Gamblin : "Je voulais un film allégorique, noble, avec une caméra précise et stable qui n’aille pas dans tous les sens. Ces deux personnages dégagent une certaine prestance. Voilà pourquoi j’ai souhaité éviter le sur-découpage, et un travail en détail des intentions de jeu. Il était essentiel de valoriser le moteur que constitue ce duo de grands acteurs", explique le cinéaste.
Habitée d'un timbre grave et d'un ton monocorde, la voix qu'arbore Lambert Wilson dans A l'aveugle est très particulière. Une volonté de la part du réalisateur Xavier Palud qui souhaitait faire ressortir le côté animal de l'acteur, ce que nous explique le comédien : "Xavier Palud m’a demandé d’être quasiment monocorde, tout en restant dans un registre grave. Il souhaitait une voix avec du grain, surtout pas projetée, avec un son enregistré très près des cordes vocales. J’adore cela. J’ai eu l’impression d’être à nu, sans mes armes habituelles. En voyant le film, j’étais content de la voix monolithique, presque désincarnée, de ce personnage."
Le scénario d'A l'aveugle est signé Eric Besnard, lequel avait précédemment rédigé ceux de deux autres polars français : Le Convoyeur (2004) de Nicolas Boukhrief et Le Nouveau protocole (2008) de Vincent Thomas.
Afin d'améliorer la fluidité des caméras et de gagner en proximité avec les comédiens en s'affranchissant des problèmes d'axes, Xavier Palud a opté pour une lumière placée en hauteur, par opposition à un éclairage directionnel : "Par exemple, quand Jacques Gamblin monte jusque chez Warnas (Pascal Demolon), tout était éclairé par le haut pour que je puisse évoluer près de lui avec la caméra. Je voulais une scène viscérale, en caméra portée, pour suivre les gens et avoir la capacité de bouger dans la réalité des choses", explique le metteur en scène.
Les policiers du film A l'aveugle roulent avec le modèle dernière génération de la Ford Focus. Ce partenariat Ford/EuropaCorp semble plutôt cohérent quand on sait que la police française s'équipe de l'ancien modèle de cette voiture.
Les producteurs sont-ils plus "humains" en France qu'aux Etats-Unis ? Apparemment oui si l'on en croit les dires du metteur en scène Xavier Palud, lequel revient dans l'Hexagone après un détour par Hollywood (où il a réalisé The Eye) : "A Los Angeles, chacun essaie d’imposer sa vision par son ego, souvent au détriment du film. En France, j’ai toujours eu la chance d’avoir affaire à de vrais producteurs, que ce soit Richard Grandpierre pour mon premier film coréalisé avec David Moreau (II), ou Luc Besson pour celui-là [...] C’est tellement loin de ce que j’ai vécu à Hollywood", confesse-t-il.
Une grande partie d'A l'aveugle a été tournée sur un espace de plus de 20 000 mètres carrés, situé boulevard Ornano, dans le 18ème arrondissement de Paris : "C’était tellement grand que l’on a pu y aménager la reconstitution des bureaux du 36 quai des Orfèvres, le squat, et même des rues entre les différents immeubles. On bénéficiait ainsi d’une sorte de studio", confie le réalisateur Xavier Palud.
A l'aveugle, produit par la société de Luc Besson, EuropaCorp, a vu le jour dans le cadre du projet participatif weareproducteurs.com, lequel permet à tout un chacun de participer aux différentes étapes propres à l'élaboration du film. En ce sens, les internautes ont pu prendre part à l'écriture du scénario, aux options de réalisation, et même aux choix du casting !