Detachment n'est pas le premier film à aborder la confrontation entre un professeur et ses élèves. A croire que l'enseignement est un sujet qui stimule les réalisateurs, et ce toutes nationalités confondues. Déjà en 1995 avec Esprits rebelles, le metteur en scène John N. Smith abordait le combat d'une femme pour l'avenir de ses élèves. En 1997, 187 : code meurtre narrait cette fois le récit d'un enseignant persécuté par un adolescent instable. Plus récemment, le long métrage Half Nelson (2007), avec Ryan Gosling, retournait la situation en décrivant le quotidien d'un professeur toxicomane au bord du gouffre. L'année suivante, La Journée de la jupe, avec Isabelle Adjani, racontait la prise d'otage d'une classe par son enseignante. C'est d'ailleurs la même année (2008) qu'Entre les murs, récompensé d'une palme d'or, réitérait la formule avec un professeur de français n'hésitant pas à s'affranchir du cadre académique pour motiver les adolescents. Désormais, c'est au tour d'Adrien Brody de faire preuve d'un détachement sans faille pour parvenir à garder le contrôle de sa classe.
Bien que Tony Kaye ne considère pas son travail comme stylisé, il concède toutefois avoir été à la recherche d'une esthétique particulière. Avec Detachment, son objectif n'était pas seulement de faire en sorte que les choses aient l'air vraies, il a également souhaité que les situations soient aussi spectaculaires qu'authentiques. Pour ce faire, l'enjeu a été de parvenir à capter des émotions réelles : "Les gens pleurent, se mettent en colère, chuchotent, aiment et haïssent. J’essaie simplement d’utiliser un microscope, un télescope et un radar pour explorer les qualités mentales et morales représentatives des individus qui se tiennent devant l’objectif et le micro", confie Tony Kaye.
Detachment a obtenu tour à tour deux récompenses au Festival du film américain de Deauville : le Prix de la critique internationale et celui de la révélation Cartier.
Comme dans ses précédents longs-métrages, le metteur en scène Tony Kaye aborde à nouveau des questions sociales. Tandis qu'American History X s'intéressait au racisme et Lake of Fire à l'avortement, Detachment se penche cette fois-ci sur le thème de l'éducation. L’optique du film est aussi de mettre en avant l'importance cruciale de la famille.
Par moments, Detachment ressemble à un documentaire, alliant par exemple au générique les dessins du cinéaste Tony Kaye avec les confessions de vrais professeurs anonymes racontant leur expérience d'enseignant.
La distribution de Detachment réunit aussi bien des acteurs reconnus (Adrien Brody, James Caan, Lucy Liu, Christina Hendricks) que des nouveaux venus (Betty Kaye, etc.). Depuis près de trois ans, Tony Kaye pensait en effet à sa fille Betty pour interpréter Meredith. Il explique son choix : "Betty ne ressemble en rien à Meredith dans la réalité. Elle a confiance en elle, elle est très forte et déterminée à réussir dans la vie. Mais elle a eu une existence difficile. J’ai quitté ma famille quand elle était très jeune. J’ai été très égoïste. Betty avait 5 ans et l’a très mal vécu. Je pense que ça se sent vraiment dans son interprétation", confie-t-il. Le réalisateur a toutefois longuement hésité avant d'officialiser sa décision, celui-ci redoutant d'être accusé de favoriser son entourage.
Afin de peaufiner le jeu d'Adrien Brody, Tony Kaye a d'abord demandé à l'acteur de s'éloigner le plus possible de sa nature paisible. Pour ce faire, le metteur en scène a exigé qu'il s'entraîne à crier, à hurler et à jeter des chaises. L'idée était de le faire craquer pour ensuite le faire revenir au calme.
Pour Detachment, Tony Kaye a cherché à créer des contrastes : obscurité contre lumière, cheveux noirs contre cheveux clairs, etc. Par exemple, l'actrice Sami Gayle (Erica, l'adolescente en fugue) est châtain, ce qui, pour le réalisateur, implique une nature extravertie. En revanche, il a cherché un Barthes (le professeur remplaçant) aux cheveux noirs, à l'image d'une personne calme, qui se contrôle. Adrien Brody correspondait parfaitement à cette description.
Detachment réunit trois comédiens oscarisés : Adrien Brody, qui a remporté l'Oscar du Meilleur acteur pour son interprétation de Wladyslaw Szpilman, authentique survivant de l’Holocauste, dans Le Pianiste de Roman Polanski ; Marcia Gay Harden, qui est pour sa part lauréate d'un oscar dans la catégorie Meilleure actrice dans un second rôle pour le film Pollock, d'Ed Harris ; et enfin l'incontournable James Caan, lui aussi détenteur d'un oscar du Meilleur second rôle pour Le Parrain, de Francis Ford Coppola.