Tour à tour acteur (Les Nuits fauves, Pigalle, Les Démons de Jésus), producteur (Les Démons de Jésus, Sous les pieds des femmes), scénariste et assistant réalisateur, Jean-Jacques Jauffret signe, avec Après le sud, son premier long-métrage.
Tourné dans le sud de la France (entre Port Saint Louis du Rhône et Marseille, pour être précis), c'est également dans cette partie du pays qu'Après le sud fut projeté pour la première fois. Il fut en effet programmé à la Quinzaine des Réalisateur du Festival de Cannes 2011, où il a reçu un accueil plutôt encourageant.
Le temps du film, le Festival de Cannes a vibré au son de l'accent du sud. En effet, la projection du film sur la Croisette fut marquée par un petit incident technique, qui a sans doute rendu bien difficile son appréciation par les professionnels : un problème au niveau du DCP (c'est-à-dire du fichier regroupant le film, sa bande-son, ses sous-titres, etc.) a privé les spectateurs de sous-titres ! Idéal pour tester le niveau de français des festivaliers, mais fort incommodant dès lors qu'il s'agit de vendre le film à l'international...
Bien que le film soit présenté partout comme étant inspiré d'un fait divers (ce qu'il est), ce n'est pas vraiment ce dernier qui a intéressé le réalisateur. En effet, celui-ci dit s'être principalement concentré sur les huit heures précédant ledit drame, à travers quatre personnages confrontés "à une réalité du quotidien avec des petites humiliations du quotidien", c'est-à-dire non pas sur les détails du fait divers mais sur les détails menant à celui-ci, autrement dit davantage sur le processus que sur l'évènement.
Le film est marqué par deux scènes de violence, qui ne sont pas sans points communs. Interrogé sur ces similitudes, le réalisateur confie que toutes les deux furent écrites le même jour, mais précise cependant que l'une d'entre elles traite de l'extériorisation d'une peur, tandis que l'autre est tout à fait dans l'intériorisation. Aussi qualifie-t-il ces deux scènes de "contraires mais en même temps complémentaires".
Jean-Jacques Jauffret reconnaît une influence pour son long-métrage, qui est celle de Michael Haneke (notamment pour le thème du quotidien et pour la fragmentation de l'histoire). Il souligne cependant une différence essentielle dans la construction : "Haneke travaille dans une construction linéaire ; moi j'y reviens comme une spirale, comme un canon. On pourrait dire que c'est un morceau de musique qui part en canon [...] Haneke n'imbrique pas les histoires : elles avancent et arrivent quelque part."