Après avoir travaillé pendant quinze ans à la télévision française, Béatrice Pignède a choisi de tout quitter et de rejoindre l'association Clap 36 pour pouvoir traiter des sujets tabous qui lui tiennent à cœur, comme "l'affaire Dieudonné", la Lybie ou encore les lois mémorielles, comme c'est le cas dans ce documentaire : "Je le fais à contrecœur, parce que je préférerais que le climat soit différent, mais certains débats n'ont pas lieu, et il est urgent et salubre de pouvoir réfléchir à ces questions en-dehors d'un discours officiel", explique-t-elle.
Pour souligner la problématique du sujet qu'elle a choisi de traiter, Béatrice Pignède fait une analogie avec le 17ème siècle : "De même que, à l’époque, on ne pouvait pas contester que la terre était plate, aujourd’hui on ne peut pas discuter de la seconde guerre mondiale et de l’épisode tel que défini par le tribunal de Nuremberg sans tomber sous le coup de cette loi". Elle ajoute, en mettant en lumière l'idée centrale de son documentaire : "Ce film sur les lois mémorielles met en relief le caractère désastreux de l’institutionnalisation d’une histoire légale, non seulement pour l’Histoire et le Droit, mais aussi pour l’idée même d’une république qui ne peut survivre qu’en restant strictement neutre par rapport au débat entre communautés, aux sacralisations d’évènements historiques et au désir de chaque groupe particulier d’imposer à la collectivité nationale son propre devoir de mémoire."
Parmi les intervenants du film, on retrouve Paul Ricoeur, avec qui Béatrice Pignède avait déjà collaboré dans Pensée de notre temps: Paul Ricoeur, le documentaire qu'elle avait coréalisé avec Francesci Condemi sur le philosophe français.