Peu convaincu par ce 2 Guns, dont la seule véritable raison de mon visionnage était la présence d’un Denzel Washington que j’aime bien, et celle de Kormakur derrière la caméra, ce qui promettait a priori de tirer ce film du produit basique. Et bien en fait non, on se coltine un métrage peu convaincant, lorgnant du côté de Tarantino, et se voulant fun et moderne, mais étant déjà vieillot.
Kormakur utilise en effet une réalisation pompeuse, alambiquée pour faire « in », mais qui se prend les pieds dans le tapis. Le final par exemple, qui devait être le moment fort du métrage est décevant par sa mise en scène prétentieuse, qui préfère cultiver l’effet de style à la fluidité et à l’efficacité de l’action pure. C’est à peu près comme cela tout le film durant en fait. Reste quelques décors corrects, une photographie pas trop écrasée par le mordoré du soleil mexicain, mais l’action est tout de même faible, et Kormakur a semblé simplement peu à l’aise dans ce registre. Outre ses effets tapageurs on notera d’ailleurs qu’il n’y a pas énormément d’action, Kormakur préférant orchestrer des pages dialoguées, dans un style qui rappelle furieusement Tarantino.
2 Guns est en effet bavard, parfois pour rien, et les dialogues, surtout dans la première partie, sont construits de façon très agaçante, par des répliques ultra-rapides et qui s’enchainent à vitesse grand V, avec beaucoup de banalité. Une méthode pour faire moderne sans doute, et pour se rapprocher de Tarantino. Même la vulgarité des propos au début du film parait totalement gratuite, référencée, puisqu’elle disparait totalement ensuite. Très bavard, le film masque malheureusement, par ce procédé, son manque de relief et la faiblesse de son scénario. Brouillon, foutraque, souvent invraisemblable en poussant les retournements de situation jusqu’à l’absurde, il tient par miracle sur quelques moments second degré, et sur quelques séquences excentriques (je n’ose dire aussi sur les scènes dénudées de Paula Patton). Il n’y a pas réellement de fond dans 2 Guns, qui, on le sent, cherche à éviter le scénario basique digne du DTV du coin, mais le gonfle de façon irréelle avec beaucoup de n’importe quoi.
Le meilleur dans le film reste, comme on l’attendait, l’interprétation. Washington est solide, et comme souvent il est à l’aise dans son personnage. Il arrive à lui donner une certaine épaisseur, et il fait face à un Wahlberg qui ne démérite pas non plus. Leur duo fonctionne, c’est déjà bien, et les deux interprètes tiennent le niveau pour ne pas donner un sentiment de déséquilibre entre les deux. A noter la présence de la charmante (mais assez inutile) Paula Patton, du méchant Bill Paxton, et surtout d’un Edward James Olmos, qui, en leader mafieux retient l’attention. Il apparait assez peu, mais il a un charisme, une présence, qui en font une des figures marquantes du métrage.
Malgré cela, 2 Guns reste un film d’action décevant. Sans réelle personnalité, j’ai eu le sentiment que Kormakur n’était pas dans son élément, et orchestré ce spectacle « tarantinien » avec maladresse. Il faut avouer, il n’était pas aidé par ce qui reste l’élément le moins convaincant du film, son scénario. Parfois faire simple c’est aussi bien, et il vaut mieux marcher sur des chemins balisé que tenter des choses hasardeuses qui plombent au final. 1.5