Le réalisateur islandais Baltasar Kormákur (à qui nous devons Jar City, son plus gros succès actuel) continue dans le cinéma hollywoodien, dans lequel il fit ses premiers pas avec Contrebande. Remake américain d’un film « compatriote » intitulé Reykjavik-Rotterdam (d’Óskar Jónasson), avec comme têtes d’affiche Kate Beckinsale, Ben Foster, Giovanni Ribisi et surtout Mark Wahlberg. La coqueluche du cinéma d’action américain du moment, que le cinéaste retrouve ici pour l’adaptation du comics de Steven Grant. Et lui donnant un partenaire de jeu des plus prestigieux en la personne de Denzel Washington. Un buddy movie de qualité est annoncé ! Nous n’attendons que de voir ce que cela peut donner !
Bobby Trench (Denzel Washington) est un membre de la DEA. Quant à Michael Stigman (Mark Wahlberg), il fait partie du corps de la Navy Seal. Tous les deux sont des agents infiltrés qui travaillent ensemble, chacun ignorant l’identité de l’autre. Et alors qu’une affaire tourne mal avec le dealer du coin, Papi Greco (Edward James Olmos), il décide directement de braquer une banque afin de trouver un prétexte pour l’arrêter. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que les plusieurs millions de dollars désormais en leurs poches appartenaient à des personnes dont il est préférable de ne pas titiller, principalement la CIA même. Et qui sont désormais à leurs trousses !
Adaptation donc d’un roman graphique qui nous fait suivre les mésaventures de deux agents à la gâchette facile, le tout raconté avec décalage et humour. Autant dire qu’avec un tel postulat, 2 Guns s’annonçait comme le nouveau L’Arme Fatale (Mel Gibson / Danny Glover) et 48 Heures (Nick Nolte / Eddie Murphy). Surtout avec son duo, qui reprend un Blanc faisant équipe avec un Noir (sauf que pour une fois, le comique de service se retrouve dans le Blanc), avec Mark Whalberg et Denzel Washington, deux comédiens dont le paysage hollywoodien ne peut plus se passer. Ni nous d’ailleurs (quoique que Wahlberg a toujours du mal à prouver sa valeur de comédien, Fighter et le récent Pain & Gain étant deux des rares exemples qui permettent de nous confirmer qu’il sait jouer). LE buddy movie du moment ?
Pas vraiment, il faut bien avouer. Et ce même si le duo Washington / Wahlberg marche à merveille. En effet, les deux comédiens s’amusent comme des petits fous, et cela se voit. De plus, l’entente entre les deux personnalités saute à l’écran, chacun prenant un malin plaisir à vanner l’autre. D’ailleurs, 2 Guns tire son charme de ce duo qui permet au film de nous lâcher des gags et autres répliques typiques de ce genre de divertissement. Allant jusqu’à proposer des séquences assez burlesques, et ce pour le plaisir (nos héros s’affrontant en voitures, se fonçant dessus, dérapant au dernier instant avant de stopper le moteur, les carrosseries côte-à-côte, et ils continuent leur duel, par les vitres de leur voiture respective). Du coup, on prend un malin plaisir à assister à ce genre de scénettes d’action qui passent agréablement le temps.
Malheureusement, nous sommes encore très loin de la puissance comique et de l’énergie d’un L’Arme Fatale ou d’un 48 Heures. Ou même d’un quelconque intérêt, n’ayons pas peur de le dire ! Les deux références du buddy movie nous faisaient rire aux larmes (envois de répliques cinglantes, moments aussi déjantés qu’inattendus) et proposaient des séquences d’action véritablement jouissives, voire spectaculaires. Tout en gardant énormément de suspense via le scénario (le tout mettant en avant une enquête policière). Avec 2 Guns, il faudra se contenter que d’un statut de « buddy movie rigolo » avec seulement quelques fusillades et deux explosions (pour le décor). Et surtout une trame qui flirte plus avec le film de survie (nos héros devant se sortir d’un mauvais guêpier plutôt que d’enquêter sur ce qui leur arrive) que le policier gonflé à la testostérone. Nous présentant ainsi des éléments scénaristiques déjà-vu et qui font que 2 Guns n’a rien d’imprévisible (rien que la scène où Marcus rejoint sa superviseure à l’entrée d’un ascenseur, on devine déjà sur la teneur du dénouement, alors que nous ne sommes qu’à 20 minutes du film). Dommage également que la mise en scène de Kormákur ait bien du mal à décoller lors des séquences d’action, donnant l’impression de regarder un divertissement un peu trop sage.
Si l’on devait conclure rapidement avec 2 Guns, la meilleure qualification qui viendrait tout de suite à l’esprit serait « buddy movie classique » : rigolo, divertissant, mais ne se contentant que de son duo principal pour exister à nos yeux. Problème : nous ne demandons pas que cela ! Nous en voulons plus, surtout après le carton de L’Arme Fatale (l’une des meilleures sagas qu’Hollywood ait pu nous offrir). Au final, le visionnage de ce 2 Guns sera un véritable moment de détente (il faut dire aussi que certains personnages secondaires, comme le méchant joué par Bill Paxton, possèdent leur charme) mais qui ne restera pas dans les annales, loin de là ! Vous l’aurez même oublié aussitôt que le générique de fin sera apparu à l’écran.