Une œuvre magistrale, monument du cinéma, surtout par ses effets stylistiques : des mouvements de caméra diaboliques, des travellings somptueux, des cadrages originaux, des profondeurs de champ exceptionnels. Chaque scène est un régal et on en prend plein les yeux. On retrouve le côté révolutionnaire et innovant de « Citizen Kane » de Wells. La coloration est somptueuse aussi, des couleurs chatoyantes, picturales ,toutes les scènes de cirque sont des vrais tableaux expressionnistes. Et puis il y a ce scénario original, de cette femme libre, moderne avant l’époque , aux amants successifs : Litz, le roi de Bavière , et d’autres hommes célèbres ou de simples étudiants .Et puis à la fin après des échecs sentimentaux , elle est accueilli par ce directeur de cirque Peter Ustinov (formidable et magistral acteur ) qui la montre , comme une bête de foire , ou plutôt comme un paparazzi, qui créerait une télé-réalité autour de la personnalité d’une ex star déchue . Le film est totalement moderne sur le fonds : l’indépendance de la femme, se liberté de vivre et sa liberté sexuelle proclamée, la « société du spectacle », l’exhibitionnisme des médias. Les scènes de cirque et de performance sont superbes, puissantes, s’opposant aux scènes de flash-back plus champêtre de promenade en calèche de luxe dans la campagne italienne ou bavaroise. Et puis il y a bien sûr Martine Carol, éblouissante de beauté et de grâce, star une peu oubliée, mais qui fut « la » beauté française, la grande star des années 50, éclipsée par l’arrivée de B.B . Mais elle avait beaucoup de « chien » et de personnalité. C’est un plaisir de la redécouvrir. La restauration du film est superbe .