Le titre "Zindeeq" est une reproduction phonique du mot arabe qui signifie hérétique, mécréant ou libertin.
Le personnage du cinéaste interprété par Mohamed Bakri est un alter ego de Michel Khleifi. Ce dernier assume le côté personnel de son film en l'expliquant comme suit : "J'ai créé un personnage, un double, mais qui n'est que partiellement moi. Comme lui, je suis réalisateur. Comme lui, je me pose la question fondamentale du traumatisme de 1948 dans tous mes films, en essayant d’en comprendre le comment et le pourquoi."
Michel Khleifi a repris dans son film un épisode qu'il a lui-même vécu : celui de la nuit blanche qu'il a passée à la recherche d'un hôtel à Nazareth. Le cinéaste, ayant grandi dans cette ville, s'y est retrouvé comme un étranger après avoir immigré pendant plusieurs années, et n'est pas parvenu à louer une chambre d'hôtel : "J’ai vraiment vécu cette expérience il y a quelques années dans ma ville natale, que je croyais si bien connaître, mais où je me suis retrouvé complètement isolé. Comme dans le film, on m’a refusé partout une chambre d’hôtel, alors que je suis Nazaréen. La ville a profondément changé, sous l’influence de la globalisation."
Dans son film, Michel Khleifi véhicule un message très clair à travers lequel il s'oppose au fait qu'Israël demeure une réalité coloniale : "Le film le dit et le situe dans une dynamique historique du Proche-Orient. Je dénonce une attitude que je pourrais qualifier de sectaire (...). Cette réalité coloniale, dont je parle, s’appuie depuis ses débuts sur le harcèlement continuel des Palestiniens. Ils n’ont pas de répit. Chaque fois qu’ils font des concessions, les Israéliens poussent le bouchon plus loin", explique-t-il.
Il y a dans Zindeeq plusieurs références bibliques qui ont été utilisées au service de l'ironie et de la critique acerbe : "Quand j’étais enfant, les pèlerins venaient du monde entier pour boire l’eau de la source de Marie. J’y allais aussi pour me rafraîchir. Aujourd’hui, la source est asséchée. Et l’eau est désormais vendue à l’Eglise. Israël contrôle tout. La guerre déconstruit les mythes. Quand je vois un Juif croyant qui dit "C’est la volonté de Dieu", je me demande qui est ce Dieu. Est-ce un promoteur immobilier ? Un marchand d’armes ?", partage le réalisateur.
Il y a dans le film une analogie entre le mythe de Don Juan et la situation politique qui est relatée. Michel Khleifi la présente ainsi : "Mon personnage harcèle les femmes comme les Israéliens harcèlent les Palestiniens. Malgré sa modernité d’Européen, il n’a pas changé vis-à-vis des femmes. C’est une référence à la structure patriarcale qui perdure dans notre société. Dans le film, petit à petit, cette domination se déconstruit, jusqu’à ce que le personnage devienne "humain". Le message, c’est qu’il faut en finir avec les systèmes de domination, en acceptant une humanisation de soi, en acceptant d’être au même niveau que l’autre."
Zindeeq a remporté le prix Muhr pour le meilleur long métrage de fiction au Festival International du Film de Dubai 2009.