Le projet de Let my people go !, qui aborde différentes cultures et religions, n'est certainement pas typique de la production nationale. Le réalisateur Mikael Buch affirme que son intérêt pour une histoire aussi "exotique" est issu de son parcours personnel. En effet, ce cinéaste français, fils de père argentin et de mère marocaine, est parti vivre à Taiwan puis à Barcelone et à Nantes, avant de revenir à Paris faire ses études de cinéma à la célèbre Fémis.
Bien que ce film soit le premier long-métrage de Mikael Buch, le scénario a été rédigé à quatre mains avec le très expérimenté Christophe Honoré, réalisateur et scénariste, entre autres, de Dans Paris (2006), Les Chansons d'amour (2007) et La belle personne (2008).
Mikael Buch raconte que ses principales références cinématographiques proviennent d'un cinéma ludique, voire magique, avec une prédilection pour des narrations comme celles caractérisant Charles Chaplin, Woody Allen, Vincente Minnelli et Jacques Demy. Quand il était enfant, le metteur en scène regardait Blanche-Neige et les sept nains tous les jours. Même la Finlande représentée dans le film est inspirée d'images nordiques irréalistes d'Aki Kaurismäki (réalisateur de Le Havre).
Le portrait de l'homosexualité dans Let my people go ! n'est jamais problématique, le réalisateur ayant évité les scènes de coming out et de difficulté d'insertion dans la famille. Mikael Buch explique ce qui lui déplaît dans la plupart des portraits sur la sexualité au cinéma : "Je retrouve souvent au cinéma un aspect moral rattaché à la sexualité qui ne me plaît pas du tout. Une façon de lier le sexe à une forme d’angoisse…". D'où cet engouement à représenter une sexualité ludique et décomplexée.
Pour le rôle principal, Mikael Buch avait pensé dès le début du projet au comédien Nicolas Maury, avec qui il a pu discuter tout au long du développement du film. Carmen Maura et Jean-François Stévenin, à leur tour, correspondaient à un idéal d'enfance, le cinéaste ayant grandi en regardant les nombreuses collaborations de Carmen Maura avec Pedro Almodóvar, en plus de suivre de près les prestations de Jean-François Stévenin dans les films de François Truffaut, Jacques Rozier et Jacques Demy.
Même si la thématique de Let my people go ! est liée à des questions spécifiques inhérentes à la génération actuelle, Mikael Buch et la directrice de la photographie Céline Bozon voulaient chercher une esthétique atemporelle, en mélangeant des éléments des années 1950 avec des couleurs inspirées de la pellicule Super 8. Le résultat, selon le réalisateur, est proche d'une "comédie musicale dans laquelle on ne chante pas".
Malgré l'intérêt de la Finlande à coproduire Let my people go !, les producteurs français n'ont pas pu établir un accord de coproduction avec le pays nordique. La productrice des Films Pelléas, Géraldine Michelot, explique les raisons de cet empêchement : "Nous avions du tournage en Finlande et des acteurs locaux. Mais c’est un petit pays où les fonds disponibles ne sont pas très nombreux. Et l’accord de coproduction avec la France inclut un minimum de 30 % pour la Finlande, ce qui est un seuil beaucoup trop élevé."
En plus d'être amis depuis l'école de cinéma, Mikael Buch avait déjà choisi Nicolas Maury pour le rôle principal de ses deux derniers courts-métrages : Accordez-moi (2008) et Comment j’ai accepté ma place parmi les mortels (2009).
Face au grand défi de résumer Let my people go ! en trois mots, le réalisateur Mikael Buch a choisi "juif", "homo" et "jubilatoire", alors que Nicolas Maury a préféré "tremblement", "joie" et "famille".
Le tournage de Let my people go ! a démarré en Finlande à la mi-septembre 2010. Dix jours plus tard, l'équipe a pris l'avion pour Paris, pour tourner pendant huit semaines au quartier de Belleville.