Balle perdue fait partie d'une trilogie que le réalisateur appelle "triptyque" : ce sont trois histoires qui se déroulent au Liban à des époques différentes, racontant chacune une journée particulière dans la vie d’une femme. Balle perdue en est le volet principal. Il est entouré de deux courts métrages : Messe du Soir et La Chenille.
Muriel Aboulrouss est considérée comme la première femme chef-opérateur dans le monde arabe. L'intéressée argumente modestement : "Quand je suis derrière ma caméra, je ne suis ni femme, ni homme, je suis une lumière. Celle de l'histoire que je raconte."
La première révélation cinéma de Georges Hachem a été Ingmar Bergman, dont il s'inspire souvent. Il apprécie également John Cassavetes, Robert Bresson et Orson Welles : "J’avais 5 ans lorsque je suis allé pour la première fois au cinéma… pour voir un film d’adultes ! Je n’avais pas commencé par les dessins animés. Le cinéma se situait dans le centre ville de Beyrouth", nous raconte-t-il.
Le réalisateur libanais avoue s'être inspiré de la tragédie grecque pour écrire le scénario de Balle perdue, et plus particulièrement de la notion de fatalité : l’histoire se déroule en une seule journée, dans un seul lieu, avec une seule action. Cette fatalité est aussi liée à la réalité libanaise : "La guerre de 1976, et les acteurs de la guerre n’y sont pas visibles. C’est l’équivalent de ces dieux que l’on ne voit pas et qui décident du destin des héros des tragédies antiques", explique-t-il.
Lors de la projection en avant première, Nadine Labaki avoue avoir été émue par le personnage de Noha, qu'elle incarnait. Elle ajoute que jouer ou réaliser lui permet d’expérimenter sa nature plurielle, d’explorer des vies potentielles et de partager sa propre vision du monde avec un public : "C’est aussi mon seul moyen de m’exprimer. Je ne sais ni chanter, ni peindre mais je sais créer des images", assure-t-elle.
En plus de ses prestations de comédienne, Nadine Labaki a réalisé Et maintenant on va où ? et Caramel, films qui évoquent aussi, comme celui de Georges Hachem, la thématique de la femme dans la société du Moyen Orient.
La lumière donne une ambiance assez tragique par la présence du grain et la particularité des costumes et des décors. Les séquences en extérieur ont été filmées en lumière naturelle. Pour la scène du jardin éclairée par la lune, l’équipe a utilisé des ballons gonflés à l'hélium survolant le jardin, pour donner un aspect fantomatique et authentique à cette séquence.
Le réalisateur Georges Hachem et l'actrice Nadine Labaki se sont rencontrés il y a plusieurs années lors d’un atelier sur le jeu devant la caméra : "Je me souviens de beaucoup de choses, de phrases qui restent. Mon envie de retravailler avec lui ne m’a plus quittée. Quand il m’a proposé Balle perdue j’ai immédiatement dit oui", déclare la comédienne.
"Ce que Noha vit, il m’arrive parfois de le ressentir moi même", confie la comédienne Nadine Labaki. En effet, le personnage de Noha incarne celle qui enfreint les règles face à la pression sociale, familiale. Elle comprend ce qu’elle désire vraiment à un moment précis de son existence pour dévier et changer de vie.
Après avoir remporté le Muhr du meilleur film arabe au Festival international du film de Dubaï, le Prix du meilleur scénario au Festival du Caire et celui de l'Espressione Artistica en 2010 au Festival de Rome, Balle perdue, à sa sortie nationale, a culminé pendant plusieurs semaines au sommet du box office.