Depuis le début des années 2000, les super-héros cartonnent sur grand écran. En 15 ans, ils n'ont fait qu'attirer plus de monde, devenant ainsi la référence actuelle en matière de cinéma de divertissement. On peut même dire que les super-héros ont pris d'assaut le box-office, transformant quasi chaque sortie en gros succès. Malheureusement, ces films finissent par tous se ressembler et peuvent lasser le spectateur. En tout cas, moi, je commence à m'en lasser, même si de temps en temps, quelques films arrivent à se démarquer des autres (je pense notamment à Captain America 2 qui m'a agréablement surpris malgré qu'il fasse partie d'une saga qui peine à se renouveler).
Mais depuis quelques années, certains cinéastes tentent d'offrir quelque chose de neuf, de différent, aux spectateurs. Ainsi, Zack Snyder nous a offert Watchmen, adaptation du roman graphique culte, inadaptable selon les fans, qui offre une version plus sombre des super-héros et de leur place dans notre société. Un an après, Matthew Vaughn adapte Kick-Ass, l'histoire d'un jeune qui en a marre de se faire persécuter et qui décide de se faire justice lui-même. Là encore, le film a fait mouche et a prouvé qu'on peut faire des films de super-héros en bouleversant les codes.
Néanmoins, même si Watchmen ou Kick-Ass offraient du contenu différent de leurs ainés, ça n'en restait pas moins des adaptations de comics. Ainsi, en 2012, lorsque Josh Trank réalise Chronicle, il ne le fait pas en adaptant un comics, mais puise dans sa propre imagination. Même si le fond reste assez classique (3 jeunes découvrent qu'ils ont des super-pouvoirs), c'est la forme qui est assez originale.
Le film est abordé de manière vraiment différente. Moi qui ne suis pas un grand fan de found footage, j'ai trouvé que ça s'accordait bien au film. Le fait que le film soit filmé par le biais de la caméra du jeune héros principal nous rapproche plus de lui et nous permet de voir l'histoire de son point de vue. Dommage que Josh Trank ait voulu intégrer d'autres caméras qui racontent également l'histoire. Les passages avec le cousin du héros et sa "copine" sont particulièrement chiants et nous éloignent du personnage principal. De plus, l'utilisation de la caméra à certains endroits est parfois confuse et ne sert que de prétexte à filmer un évènement à un endroit précis.
Ce que j'ai également apprécié avec le found footage, c'est qu'il y est utilisé de manière originale. Ainsi, le personnage principal utilisera ses pouvoirs pour se filmer lui-même, et on verra la caméra s'élever dans les airs, comme si le héros était filmé par une force invisible. C'est ce que j'appelle une utilisation intéressante, utiliser le concept du film et jouer avec.
Pour sa première réalisation, Josh Trank a fait appel a des acteurs inconnus. Si la plupart des acteurs font leur travail sans vraiment marquer les esprit, il y en a un qui retient notre attention, c'est Dane DeHaan. Il a été très bien choisi, et l'évolution de son personnage est très bien amenée. D'ailleurs, il y a un passage qui fait sourire, c'est quand il démembre une araignée. 2 ans plus tard, Dane DeHaan se retrouve à l'affiche de The Amazing Spider-Man 2, traquant ainsi une autre araignée: Spider-Man.
D'un point de vue effets spéciaux, on voit que le budget n'était pas vraiment consistant. 12 millions de dollars est un bon budget, mais du coup, les effets spéciaux en pâtissent et on n'y croit pas toujours. Ainsi, la scène où les trois super-héros jouent au football américain au-dessus des nuages et y sont interrompus par un avion sonne assez fausse, on voit les ficelles et les personnages sont plutôt mal intégrés. Heureusement, tous les effets spéciaux ne sont pas vilains, mais certains défauts se voient plus que d'autres, et c'est ça qui est dommage.
Côté histoire, j'ai beaucoup aimé la première partie du film, celle durant laquelle les 3 jeunes découvrent leurs pouvoirs et les essaient autour d'eux. L'approche est assez originale, et contrairement à n'importe quel super-héros qu'on peut voir dans les autres films, nos héros ne les utilisent pas toujours à des fins sérieuses. Ainsi, soulever les jupes des filles ou faire des blagues aux gens les occupera une bonne partie du temps. Et ça nous fait également réfléchir à la façon dont nous réagirions si nous avions des super-pouvoirs. Certes, on les utiliserait surement pour faire le bien autour de nous (ou le mal, qui sait!), mais qui ne s'amuserait pas de temps en temps à faire des blagues autour de lui en utilisant ces pouvoirs?
Si la première partie du film se veut fun et décontractée, mais mettant tout de même un point d'exclamation quant à l'utilisation abusive de ces pouvoirs (et des dangers que cela peut impliquer, comme engendrer un accident de voiture sur un simple coup de tête), la seconde partie se veut plus sombre. Si certains passages sont plutôt intéressants (la scène dans le ciel avec l'orage et ce qui s'en suit), j'ai trouvé la toute fin vraiment décevante. Voir l'évolution du personnage interprété par Dane DeHaan est très intéressant, car cela montre que les super-pouvoirs peuvent tomber sur des personnes qui ne sont pas prêtes à porter un tel fardeau. Mais la toute fin, avec la bataille qui se déroule la nuit, est assez inutile. Et le fait que ce soit filmé par toutes les caméras alentours est assez fatiguant. De plus, les personnages ne font que hurler comme des dégénérés, c'est assez lourd.
Au final, même si Chronicle offre une nouvelle vision du film de super-héros, il n'en reste pas moins parsemé de défauts, la faute peut-être à un budget un peu trop maigre pour ce genre de film, ainsi qu'à une histoire tirée en longueur qui aurait pu tenir le temps d'un moyen-métrage. Mais Chronicle reste une expérience plutôt sympathique que je recommanderais à tous les fans de super-héros qui rechercheraient un peu d'originalité dans un genre qui peine malheureusement à se renouveler.