Dharma Guns : les secrets du tournage

"L'épreuve de vicissitudes contrastées m'a conduit à ce nouveau projet. Traverser le sommeil hanté de cette époque, où les machines veillent sur notre déréalisation - comme le pauvre substitut du découragement..."

Francois-Jacques Ossang exprime le message qu'il a voulu faire passer en réalisant Dharma Guns: "J’ai tenté de composer de manière abrupte la trame de Dharma Guns afin de me contraindre à une certaine distanciation dramatique – forcer les mots à se déduire de situations plus qu’à les générer, être avant tout attentif à l’élection d’un univers organique où la vérité du son et de la photographie redécouvrent les deux visions capitales du cinéma muet : cinéma du visage, et cinéma du paysage. Quand la mort « industrielle » du cinéma semble rationnellement – techniquement et économiquement programmée, j'ose espérer démontrer qu'un cinéma de poésie et d'aventure fantastique est possible - mieux : nécessaire..."

Dharma Guns fait suite à un silence de plusieurs années dans la carrière de F.J. Ossang, période où "loin de subir une inactivité forcée, j'ai tenté de m'ouvrir à la réalité du monde, sans cesser d'observer l'évolution du cinéma contemporain". Il a ainsi profité de ce temps pour voyager, écrire, publier ses livres, présenter ses films en festivals et tourner ses courts-métrages, comme Silencio ou Ciel éteint.

"Dharma Guns décrit une sorte d’odyssée purgatoire, où l’intuition et la télépathie accélèrent le voyage dans le temps. Aucun héritage n’y a lieu – sinon la passation affective des deux amants qu’un lien mortel divise autant qu’il les allie… Voyage de l'autre coté. Ce film ressort d’un cinéma de poésie proche du conte - « le réel qui rêve du réel ». Puiser dans la grammaire d'un cinéma de la révélation – noir et blanc, à la seule aune du soleil, des brumes et de l'électricité..."

Dharma Guns se veut une revisitation du mythe d'Orphée et d'Eurydice qui serait, d'après le réalisateur "en butte à la tyrannie du Dieu-Temps..."

Francois-Jacques Ossang (dit F.J. Ossang), le réalisateur de ce film n'est pas que cinéaste, c'est un véritable touche à tout. Il est en effet aussi musicien dans un groupe punk, MKB Fraction Provisoire (qui compose d'ailleurs la musique de ce film). Il est aussi écrivain (il écrit des romans dans la mouvance de William S. Burroughs) et poète.

Dans la lignée de ses activités musicales et littéraires, F.J. Ossang oeuvre au cinéma hors du système. Il utilise des voies de productions détournées pour se passer des grands studios et ses films se veulent expérimentaux, aussi bien au niveau de la structure narrative que de l'image. C'est pour lui une volonté de montrer son oeuvre comme politique, le contenu de ses films ayant souvent à voir, d'ailleurs, avec des textes politiques (dans la lignée de situationnistes comme Guy Debord).

Du fait de sa volonté de rester hors du système et de sa grosse activité littéraire et musicale, F.J. Ossang n'a fait que relativement peu d'incursions au cinéma. Ayant réalisé une dizaine de courts métrages, il n'a réalisé que quatre longs: L' Affaire des divisions Morituri(1984), Le Trésor des Iles Chiennes (1990), Docteur Chance (1997) et enfin ce Dharma Guns qui est donc son quatrième film.

L'actrice Elvire, qui joue Délie dans le film, est aussi la compagne et la muse de F.J. Ossang pour qui elle a déjà joué dans le film Docteur Chance en 1998.

Diogo Doria, qui joue dans le film le Docteur Ewers, n'est pas le premier venu dans le monde du cinéma. En effet, cet acteur portugais de 58 ans a joué dans pas moins de 12 films de son compatriote, le réalisateur Manoel de Oliveira depuis Francisca (1992) à Singularités d'une jeune fille blonde en 2009. Il avait par ailleurs déjà joué avec F.J. Ossang dans Le Trésor des Iles Chiennes en 1991.