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Estonius
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5,0
Publiée le 11 octobre 2020
Si le pitch est relativement simple, un caïd planqué dans la casbah d'Alger qui se fait piéger par la police suite à un coup de foudre et ses complications... mais la réalisation est bluffante avec la reconstitution de la casbah en studio, l'ambiance est très bien rendue et certaines scènes sont de véritables morceaux d'anthologie (l'exécution du premier indic). Gabin est impérial, personnage complexe, macho, autoritaire fort en gueule mais sachant faire preuve de tendresse et même de fantaisie. Bref on est loin de tout manichéisme ! Luca Gridoux nous joue un personnage aussi complexe que retors et visqueux, quant à Charpin en traitre minable, on le prendrait presque en pitié tellement il est dans son rôle. Les femmes jouent un rôle important dans ce film puisque c'est le belle Mireille Balin qui sans le vouloir conduira Gabin à sa perte, et son rôle de demi-mondaine qui ne s'en laisse pas conter est bien rendue tout comme celui d'Inès (la trop rare Line Noro), très belle dans son rôle de femme amoureuse et soumise. Quant à Frehel qui vient nous pousser la chansonnette, elle réussit à nous émouvoir en jouant quasiment son propre rôle ! Evidemment on pourra s'étonner que Gabin spoiler: meurt aussi vite après s'être ouvert les veines, mais on pardonne. Une interprétation efficace, de bonnes répliques (les textes sont de Jeanson), des personnages haut en couleur, un grand film !
Le cinéma de qualité "à la française", avec un Gabin, gros dur au coeur tendre, et Mireille Balin, la vamp d'avant-guerre qui va faire chavirer le coeur du beau Jean ! Du grand Duvivier !
Cette Casbah se veut fidèle à l'originale mais ça sent bien le studio, dialogues toujours bien ciselés avec mots d'auteurs, en 37 les textes ressemblaient plus à un concours de vannes que nos textes actuels. Le noir et blanc est beau mais la focale est bien souvent trop flou sur les contour de l'image. Ce besoin qu'à Pépé de voler pour s'évader de cet Alger qui l'étouffe, l'amour semble être la solution sauf que le gentil voyou n'est qu'une distraction pour la bourgeoise en mal de frisson, Pépé sait sentir la police mais il ne voit pas arriver les traquenards de l'amour et mal lui en prendra... La petite bande est sympathique, ça surjoue (style de jeu en vigueur) comme d'habitude, ça ne me transporte pas des masses comme film... Je pense voir de meilleurs films de Gabin un jour...
Il a beau avoir presque 80 ans, le film de Duvivier est toujours aussi bon. On ne peut pas dire qu'il n'a pas vieilli, mais il conserve un vrai charme. Notamment dans la reconstitution, dans l'ambiance et bien sur dans les dialogues, finement écris et souvent drôles.
Quand ils entament le tournage de "Pépé le Moko" en 1936, Julien Duvivier et Jean Gabin se connaissent bien, venant de tourner coup sur coup quatre films dont "La Bandera" (1935) et "La belle équipe" (1936) qui marquent clairement le début de la célébrité pour Jean-Alexis de Moncorgé devenu l'icône glamour du Front Populaire naissant. Produit par Paris Films, la société nouvellement créée par les deux jeunes producteurs que sont alors Robert et Raymond Hakim, "Pépé le Moko" est une relecture d'un roman policier d'Henri La Barthe, alias "Ashelbé" paru en 1931. Julien Duvivier qui écrit le scénario et les dialogues avec Henri Jeanson et Jacques Constant a sans aucun doute été fortement impressionné par les films de gangsters hollywoodiens que sont "Scarface" (1935) d'Howard Hawks ou plus encore "L'ennemi public" (1931) de William A. Wellman. En effet, Jean Gabin qui porte déjà en lui toute la mythologie prolétaire n'est pas sans rappeler James Cagney, la dimension romantique en sus. L'Exposition Coloniale de Paris n'est pas si loin (1931) et s'annonce déjà celle de 1937. L'ouverture somptueuse nous présente donc un fleuron de policiers qui dans le commissariat central d'Alger, dissertent sur Pépé le Moko, ennemi public insaisissable réfugié dans la Casbah. Une description en voix-off, brosse le portrait pittoresque du fameux quartier populaire d' « Alger la blanche » où chercher une aiguille dans une botte de foin serait sans doute plus simple que de tenter d'y dénicher le malfrat jouant à cache-cache avec la police depuis presque deux ans. Travaillant avec son équipe technique habituelle, composée de Jules Krüger et Marc Frossard à la photographie et de Jacques Krauss pour les décors, Duvivier filme l'ensemble du film en studio (Saint-Maurice), hormis quelques vues d'ensemble du port de Marseille. Il s'agira donc d'un Alger fantasmé qui cadre parfaitement avec la dimension parfois onirique du film. Tous les codes du film de gangsters sont bien présents et ses figures marquantes magnifiquement dépeintes allant de la brute épaisse (Gabriel Gabrio) à la femme fatale (Mireille Balin) en passant par les délectables traîtres (Fernand Charpin et Marcel Dalio), le receleur madré (Saturnin Fabre), le flic retors (Lucas Gridoux) ou l'amoureuse éplorée (Line Noro). Mais c'est l'univers mental de Pépé le Moko qui en toile de fond guide la mise en scène de Duvivier. spoiler: Confiné dans un endroit trop étroit pour lui, le chef de gang pressent que la mort est au bout du chemin. En dépit d'un air bravache qu'il s'applique à conserver, tout finit par l'ennuyer y compris le jeu du chat et de la souris avec la police locale qui réjouit pourtant tous ses complices et les habitants, contribuant chaque jour à écrire davantage sa légende. C'est le désespoir envahissant peu à peu son héros qui fascine Duvivier. Ainsi très souvent Pépé le Moko semble absent où plutôt ailleurs comme lors de sa rencontre avec la belle parisienne (Mireille Balin) avec laquelle il évoque les quartiers populaires dont ils sont tous les deux issus. S'il s'inscrit dans la filiation des films de gangsters évoqués plus haut, "Pépé le Moko" est aussi précurseur des films noirs à venir du début des années 1940 à Hollywood. Les Billy Wilder, Robert Siodmak, John Huston ou Otto Preminger comme Julien Duvivier dans "Pépé le Moko" utiliseront les gros plans, les ombres portées et les angles insolites typiques de l'expressionnisme allemand popularisé par Murnau et Lang pour densifier leur propos et diffuser l’angoisse. Jean Gabin bien sûr est la figure idéale pour traduire la douleur intérieure de cet homme revenu de tout qui en vérité n'est déjà plus là. Un chef d'œuvre de plus pour l'acteur qui en comptera près d'une dizaine en cette décennie sacrée où il régnait en maître sur le cinéma français. Presque impossible en vérité d'établir une hiérarchie au sein des films tournés alors avec Jean Renoir, Julien Duvivier, Marcel Carné et Jean Grémillon.
Quel film magnifique ! Du pur cinéma d'auteur, loin du réalisme ou du romantique vécu, tout se joue au travers d' images à la fois irréelles et symboliques, devenues mythiques avec le temps passé. Jean Gabin y tient une grande place. Il parle, rit, déprime, se fait charmeur, violent, enjoué, tyrannique et même il chante, il offre ainsi la panoplie de l'acteur absolu. Mireille Balin est diaphane, elle pourrait être un rêve, c'est la femme fatale que l'on ne peut saisir , elle y est admirablement photographiée. La mise en scène de Duvivier suit pas à pas les différents protagonistes avec des montées lyriques ou tragiques; c'est du travail d'artiste.Il faut revoir Pépé le Moko ne serait-ce que pour une séquence de quelques instants, la plus nostalgique que j'ai pu vivre au cinéma : lorsque Frehel âgée se met à reprendre les paroles chantées de sa jeunesse qui s' échappent d'un phonographe des années 30…Les larmes qui envahissent ses yeux envahissent aussi les nôtres…Une merveille de ressenti que seul le septième art est capable de nous offrir de cette manière. Et il y a tant d'autres choses à dire...
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18 103 critiques
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5,0
Publiée le 11 mai 2021
Pépé le Moko est un des premiers films noirs plusieurs décennies avant que les Français eux-mêmes n'inventent ce terme pour expliquer les films policiers américains atmosphériques. Et c'est l'un des meilleurs un film qui se classe au même rang que les œuvres de Melville, Becker et d'autres grands réalisateurs de l'après-guerre. Duvivier porte à l'écran une histoire captivante d'amour, de passion, d'amitié et de loyauté alors que Pépé le Moko (Jean Gabin) se cache dans le sous-sol miteux des quartiers de la Casbah à Alger insaisissable et dangereux car Pépé est considéré comme l'un des criminels en liberté les plus recherchés de France. Cependant, en rencontrant une belle parisienne Gaby Gould (Mireille Balin) Pépé découvre que son cœur est à Paris. Prêt à risquer sa vie et sa liberté pour poursuivre son nouvel amour Pépé part à la recherche de Gaby dans les rues d'Alger. S'ensuit une scène déchirante entre le gangster inconsolable qui poursuit sa bien-aimée Gaby tout en étant poursuivi par son ami inspecteur et la police franco-algérienne. C'est l'une des meilleures fins de l'histoire du cinéma Duvivier expose la souveraineté du cœur même celui d'un criminel effronté. C'est le meilleur effort de Duvivier et l'un des plus grand film de gangsters de tous les temps et il fait partie de mes dix meilleurs films de tous les temps...
Bien sûr, on peut trouver un certain charme à voir évoluer et cabotiner toutes ces stars des années trente/quarante. Néanmoins ce film est non seulement terriblement daté, mais il passe difficilement la rampe aujourd'hui. D'autres films de la même période sont beaucoup moins caricaturaux. Celui-ci représente vraiment un concentré de l'idéologie colonialiste et raciste qui sévissait alors. Au générique, on apprend d'ailleurs que Dalio joue "l'Arbi", sic. Et on pense à la chanson "Pan pan l'Arbi" du chansonnier Montheus et à l'hymne des Zouaves. Le film nous parle aussi des "Nègres". Ca remonte à soixante-quinze ans, mais ça en dit tout de même long sur les mentalités de l'époque. Pépé le Moko apparait donc comme une sorte de document sur ce passé, peu glorieux et heureusement révolu, mais difficile d'y voir un chef d'oeuvre impérissable...
Alors qu’il débute comme un film de gangsters dont le contexte semble augurer de magnifiques scènes de courses-poursuites entre malfaiteurs et policiers dans cette casbah algérienne superbement reconstituée entre Paris et Marseille, le scénario de Pépé le Moko dévie rapidement vers celui d’un drame romantique assez simpliste que l’on devine voué à une conclusion tragique. Avec une mise en scène s’approchant du réalisme poétique, Julien Duvivier nous livre des images exotiques resplendissantes de l’Algérie et de l’atmosphère sordide de ses bas-fonds peuplés de personnages hauts en couleurs, mais que l’idéologie colonialiste encore d’actualité dans les années trente rendent aujourd’hui assez dérangeantes à redécouvrir. Si l’on accepte de ne pas y porter de jugement, on profite alors pleinement de ce film d’ambiance où Jean Gabin déblatère de succulents dialogues d’époque.
Chef-d’œuvre impérissable, ce film tragique est d’une extraordinaire simplicité, dans l’histoire du jeu entre le truand et le policier, dans l’histoire d’amour, épurée, dans la peinture du “milieu�, dans les excellents dialogues d’Henri Jeanson et enfin dans le montage. Et tout cela concourt à une film intemporel, admirable dans son classicisme et la performance de la mise en scène, – jamais la casbah a été aussi bien filmée, inoubliable par l’interprétation des acteurs, Jean Gabin tenant ici un de ses plus grands rôles. Un des très grands films de Duvivier, un des plus beaux films d’avant-guerre.
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3,5
Publiée le 22 janvier 2018
Ahhh, Jean Gabin dans la casbah fatidique de "Pèpè le Moko" de Julien Duvivier! Avec aussi la vamp d'une èpoque qui se nommait Mireille Balin! Ce classique du cinèma français des annèes 30 reste l'une des rares oeuvres vraiment « noires » de l'avant-guerre! spoiler: Pèpè le Moko, un dangereux bandit, s'est rèfugiè dans la casbah d'Alger où il joue les caïds! Le policier indigène Slimane l'èpie! Sèduit par une belle fille de passage dans la ville, Gabin abandonnera sa compagne et se hasardera hors de son repaire! Le final, èmouvant, est restè cèlèbre avec ces grilles qui ferment le port, tandis que s'èloigne le bateau qui emmène la femme fatale! Un essentiel de Gabin, victime au destin cruel et un peu littèraire...
Une belle ambiance poisseuse de la kasbah d'Alger, et c'est même surprenant d'apprendre par la suite que tout a été filmé en studio... Belle reconstitution donc. Après, l'enquête autour de ce Pépé le Moko est un peu légère.