Il aura fallu 4 ans pour que le Sud-Africain Neill Blomkamp nous livre son second long-métrage, attendu pour la plupart comme le nouveau Messie de la science-fiction. Et pour cause, le réalisateur avait démarré sa carrière avec un certain District 9 ! Renouvelant le genre de part sa mise en scène (la majorité du film en caméra subjective), sa représentation des extraterrestres (réfugiés chez nous qui désirent quitter notre planète car étant les victimes de xénophobie) et ses thèmes très actuels (racisme, inégalités sociales). Et avec un budget bien plus conséquent (soit 100 millions de dollars), Blomkamp décide de remettre ça, mais cette fois-ci en nous en mettant plein la vue !
Avec Elysium, les inégalités que l’ont rencontre dans la partie sont une fois de plus de la partie. Mais cette fois, la xénophobie est remplacée par les barrières qui existent entre les riches et les pauvres. Et pour mettre le mettre en valeur, Blomkamp situe son histoire en 2154, époque où la Terre est parasitée par les guerres, la pollution et la surpopulation. Comme si la planète possédait le visage du District 9, avec des habitations en ruines, des gens qui y vivent cloîtré dans des conditions vraiment pas possible. Sur une Terre où la médecine n’a rien de moderne et d’efficace. Où le travail ne reflète pas la santé (contrairement à ce que dit le dicton). Et de l’autre côté (ou plutôt dans en orbite autour de la planète), il y a Elysium. Une immense station qui n’abrite que les riches. Qui ont accès au meilleur mode de vie possible (villas, jardins, pas de criminalité, une médecine qui va jusqu’à guérir n’importe quel cancer…). De quoi attiser l’envie des pauvres « terriens » de vouloir quitter la planète. Bref, Neill Blomkamp, pour son nouveau projet science-fiction, nous impose sa vision du futur, sa critique de la société via une nouvelle histoire. Un nouvel univers qu’il a su créer dans le moindre détail. Allant jusqu’à (comme pour District 9) inventer les design de chaque véhicules et robots (d’ailleurs, certaines scènes dénoncent l’intérêt de remplacer les humains par des machines).
Mais pour les gros puristes adeptes de scénario original et autres scripts travaillés à la perfection, Elysium risque de décevoir certain. En effet, alors que sur District 9 l’univers créé servait à l’intégralité du film, ici, cela ne sert qu’à présenter les milieux et décors dans lesquels évoluent les personnages. Les inégalités sociales se font sentir, il n’y a pas l’ombre d’un doute. Mais moins fortement que pour le précédent film. Et pour cause, Blomkamp semble vouloir user de son budget pour mettre en boîte un divertissement. Un défaut de taille ? Aucunement, tant la partie action-thriller d’Elysium est tout simplement réussie ! D’accord, nous avons un scénario moins travaillé que pour District 9, mais le reste du film n’en est pas moins palpitant. Car, de nos jours, il est extrêmement rare de voir un blockbuster travaillé de la sorte. Avec des personnages pas forcément cleans (le héros, voleur de voiture, pense avant tout à sauver sa peau plutôt que d’accomplir sa destinée selon certains ou bien de sauver d’autres personnes) et des détails politiques et inégalités sanitaires mis en avant. Donc, au final, aucun regret que le script soit moins approfondis.
Surtout que Neill Blomkamp prouve via Elysium qu’il est un réalisateur talentueux pour ce qui est de livrer un film d’action. Cette année, j’en ai vu des films de ce genre défilé, sans qu’aucun n’arrive à donner le peps nécessaire pour accrocher (je pense notamment à Die Hard 5, G.I. Joe 2, Dead Man Down, Oblivion…). La faute souvent à de mauvais plans et un montage trop fade. Mais avec Elysium, cette erreur est amplement corrigée ! En 1h50 de film, pas de temps morts, très peu d’ellipses inutiles… Les séquences s’enchaînent rapidement pour ne pas perdre de rythme (haletant, au passage !). De l’action dans des décors naturels (sur Terre) ou en studio (Elysium, d’autres bâtiments) réalistes, des effets spéciaux grandioses (franchement !) et une musique entraînante (la composition de Ryan Amon n’est pas sans rappeler le travail d’Hans Zimmer sur des films comme Inception). Sans oublier la mise en scène de Blomkamp. Qui sait filmer les scènes de vols et les rend lisibles au possible (dans d’autres films comme Star Trek, il y a trop de choses à l’écran, avec une caméra hystérique) tout en gardant une fluidité de hors normes. Mais le cinéaste n’oublie pas District 9 en filmant les séquences de baston en bougeant la caméra dans tous les sens, pour offrir à ces moments ce sentiment de faire partie de la scène. Où nos yeux s’affolent dans tous les sens alors que tout explose autour nous. Et d’ailleurs, puisque l’on parle de District 9, la plupart des plans d’Elysium ont su garder le visuel de ce dernier (pour les décors sur Terre, le côté désertique des lieux), permettant à Blomkamp d’affirmer son style.
Et, bien entendu, n’oublions pas le casting du film, véritable perle. Mené de mains de maître par un Matt Damon toujours aussi excellent, bien loin du rôle de Jason Bourne (comme les bandes-annonce nous laissaient pourtant envisager). Jodie Foster, habituée aux personnages plutôt sympathiques, se retrouvent ici à jouer les « salope » de service, et elle le fait plutôt bien ! Sharlto Copley, que Blomkamp avait lancé la carrière via District 9, endosse avec aisance la peau d’un psychopathe de pure race, totalement taré au possible ! Et puis, Alice Braga (que l’on voit de plus en plus), naturelle comme il se doit ! Sans oublier la participation de William Fichtner, plutôt discret sur ce coup mais qui use du minimum pour être convaincant en riche qui ne peut supporter la pauvreté (« ne respirez pas en face de moi »).
Elysium n’est peut-être pas aussi travaillé qu’il aurait pu l’être, il faut bien le reconnaître. Mais le côté action de l’ensemble arrive à rééquilibrer le tout avec panache. Du coup, le nouveau film de Neill Blomkamp se présente comme la version hollywoodienne de District 9, un blockbuster comme il est bien trop rare de voir : divertissant et intelligent. Deux qualités peu communes de nos jours. Et quand un film aussi réussi les possède, il ne peut que séduire !