Consternant. La déception est d'autant plus douloureuse que j'attendais beaucoup de l'auteur de District 9 qui, quoique surestimé, était un bon film de SF. Au lieu de ça je crois qu'il s'agit du Blockbuster le plus raté d'un été pourtant riche en navets. Tout sonne faux dans Elysium les dialogues sont dignes de statut Facebook (Frey à Max "it's complicated"), le scénario est caricatural, les personnages sont des clichés vivants et les scènes stéréotypées au possible. Ajoutez à cela un généreux arrosage de guimauve et vous aurez une bonne description d'un film de série B. Neill Blomkamp nous recycle du District 9 avec plus d'argent mais moins d'idées reprenant son décor : les bidonvilles de Prétoria sont remplacés par ceux de Los Angeles et son pitch : la parabole de l'immigration remplaçant ici celle sur l'apartheid. La dénonciation du fossé entre les méchants riches et les gentils ouvriers pauvres (oui en 2154 il n'y a plus de classe moyenne) est tellement manichéenne qu'elle ne satisfera que les ados les plus indulgents et même eux se sentiront las de découvrir une fois encore une histoire basée sur la révolte d'un prolo contre les nantis. Un héro qui accumule tous les clichés possibles et imaginables : orphelin, en quête de rédemption, poursuivant son rêve d'enfance et ne pouvant oublier son premier amour. Pour tenir la promesse qu'il lui a faite il va tout endurer : bras cassé, radiations puissance 10 Fukushima, couteau dans le ventre, téléchargement abusif, bref il souffre. Mais pas autant que nous lors de flash back lourdingues pompés sur Gladiator et accompagnés de chœurs d’eunuques s'égosillant afin de susciter l'empathie avec notre héros chauve. Difficile pourtant de s'accrocher aux personnages d'Elysium. Non seulement ils sont caricaturaux au possible mais en plus ils sont mal joués (ceci expliquant peut-être cela). Jodie Foster est toute en nuance, Sharlto Copley en retenue, Matt Damon n'a jamais communiqué autant d'émotion, et Alice Braga tient son rôle de potiche avec tant de talent qu'on jurerai un rôle de composition. Ils campent une galerie de personnages basée sur les stéréotypes raciaux et sociétaux les plus éculés : un écossais fou, un français mégalo, un PDG de multinationale prêt à tout pour de l'argent et une héroïne à l'ancienne : une mère isolée, infirmière, élevant sa fille atteinte d'une leucémie. Franchement. Une leucémie ?! Le réalisateur utilise un enfant atteint d'un cancer pour nous faire pleurer. Ce n'est plus du chantage affectif, c'est une prise d'otage. A cet égard l'interminable scène de rencontre entre elle et Max est franchement embarrassante pour un réalisateur qu'on pensait plus subtile. Mais tous ces défauts ne sont rien par rapport au vrai problème du film : son scénario complètement rocambolesque (attention mass spoiler)
Toutes les scènes constituant la trame sont branlantes et l'intrigue générale elle même ne tient pas debout : pourquoi le Ministre Rhodes aurait-elle besoin d'un reboot pour faire son putsch alors qu'elle n'avait qu'à prétendre une guerre pour prendre le pouvoir légalement ? Petit festival : D'abord la scène incroyable où Max se fait irradier. Pourquoi n'utilise-t-il pas le gros bouton rouge bien visible à l'écran ? Ne se doute-t-il pas que s'il repousse ce qui empêche la porte de se fermer, celle-ci va... se fermer. J'ai ensuite adoré quand il se cache sous les cochons. L'avion ne l’aperçoit pas et décide de repartir avant de lâcher une heure plus tard... des robots chercheurs. Robots efficaces puisque à six dans une ville de quelques dizaines de millions d'habitants ils retrouvent notre Max dès qu'il met son pied dehors. Max parvient heureusement à s'échapper mais évite de retourner prévenir Frey qu'elle risque de recevoir de la visite. Probablement par peur que la gosse lui raconte encore une histoire à base d'hippopotame et de suricate. Gamine à qui il refuse de donner une ID pour une raison inexplicable. Pourquoi Kruger laisse Max rentrer dans le vaisseau avec sa grenade alors qu'il a deux otages à disposition ? Pourquoi le ministre utilise-t-elle un psychopathe et non pas un robot ou à minima un agent sain d'esprit ? Ce film n'arrête jamais et c'est terrible parce que trois, quatre absurdités c'est pas grave mais quand c'est tout au long du film comment peut-on s'attacher aux personnages et croire en leur histoire ? Pareil, où sont les robots de défense quand Max atterri, quand le vaisseau de Spider atterrit, quand Kruger attente son coup d'état ? Pourquoi le PDG choisit-il qu'un téléchargement du programme soit létale puisqu'il est sensé le faire lui-même ? Pourquoi l'exosquelette de Max ne lui sert qu'une scène sur deux ? Pourquoi Kruger et ses deux acolytes se baladent-t-ils partout pour retrouver Max alors que celui-ci viendra forcément secourir sa belle ? Pourquoi le PDG est-il accompagné de seulement deux robots... qui se batte l'un après l'autre ? Comment Max fait-il pour s'échapper après la mort du PDG alors qu'un vaisseau le survole ? Pourquoi personne ne remarque Max qui est allongé à 5 mètres de l’hôpital ? J'ai beaucoup aimé lors du reboot la succession de plans larges sur Elysium et rapprochés auprès des acteurs : jour, nuit, jour, nuit, énorme !!! Enfin le plus drôle, notre écossais favoris se fait arracher la moitiée de la tête sans en mourir, mieux : "the brain is not damaged"... silence. La fin est complètement abracadabrante. Les robots (qui apparaissent enfin) guidé par le président (n'était-il pas en prison ?) ne peuvent arrêter les citoyens ? Personne ne peut rebooter le système ?
Je justifie mon étoile par l'esthétique soignée (Elysium est très réussie), les scènes d'action honnêtes et les gros guns très cool. Je finirais en citant une critique de CinemaTeaser : [Blomkamp est] "confiant en l’intelligence de son public", pardon ?