Dominique Farrugia témoigne à propos de l'histoire du film : "Je la porte en moi depuis très longtemps. (...) J'ai écrit le premier jet et je l'ai confié à Guillaume Lemans et Jean-Paul Bathany. Avoir des idées, laisser des auteurs travailler, puis intervenir de nouveau dans le développement est un processus de création que j'affectionne." Malgré cela, réaliser le film n'était pas une évidence pour lui : "Je suis d'abord producteur. Je ne pensais d'ailleurs pas mettre en scène Le Marquis, mais plus nous avancions dans le projet, plus l'idée me plaisait".
Dominique Farrugia souhaitait réaliser une comédie d'aventures mettant en scène un duo "à la Veber". Il développe : "Ce qui me touche dans la comédie c'est le supplément d'âme humaine, la fêlure, la fragilité. (...) C'est une manière d'ancrer l'histoire dans la réalité qui permet aux acteurs de jouer juste. On rit plus, il me semble, avec Le Marquis, des situations elles-mêmes que des effets comiques". Franck Dubosc ajoute : "C'est d'abord une comédie qui peut délivrer effectivement quelques moments d'émotion notamment dans la façon dont les deux personnages et leurs relations évoluent vers l'amitié. Et aussi dans leur ancrage dans la vie réelle."
Dominique Farrugia indique que l'humoriste était son choix de départ : "C’est un pari que nous avions fait quitte à ce qu’il nous dise non. Je savais que Franck était très bon acteur mais surtout qu’il était le personnage et je ne voyais personne d’autre à sa place. Je le connais bien depuis longtemps, je sais qu’il a cette capacité énorme de faire rire mais aussi cette petite fêlure enfouie en lui qui va toucher le spectateur."
Pour interpréter le partenaire de Franck Dubosc, le choix du réalisateur s'est porté sur Richard Berry d'après les conseils du comique : "Franck (...) m’a dit très rapidement : «Pour ce rôle-là, j’ai besoin d’avoir quelqu’un en face qui renvoie très, très bien la balle». De fil en aiguille mais assez vite finalement nous sommes tombés d’accord sur Richard Berry. Il a lu le scénario qui lui a beaucoup plu, mais il avait quelques réserves et souhaitait quelques modifications. (...) Ces petites corrections effectuées, il a accepté immédiatement. Dès la première lecture, dans mon bureau, le tandem m’est apparu comme une évidence. (...) L’amitié qui naissait petit à petit entre les deux acteurs était de plus en plus visible à l’écran et ça ne pouvait que servir l’histoire."
C'est après l'avoir vu dans Braquo et Nikita que Dominique Farrugia a décidé d'engager Jean-Hugues Anglade, car il "pouvait faire vraiment peur tout en maîtrisant une forme de second degré. Lui était un peu inquiet, soucieux de savoir si notre histoire, et son personnage, allaient basculer dans la pantomime. Quand il a compris que mon voeu le plus cher était qu’il reste vrai, il a accepté. Quel grand acteur, quelle chance j’ai. Il est à fond dans son personnage, on pense qu’il peut tuer. Il est là pour ça d’ailleurs : apporter le danger et la crédibilité." L'acteur revient sur sa composition : "(...) il ne faut pas que le partenaire ou le spectateur puisse déceler le moindre état d’âme dans votre regard. Vous êtes celui qui dirige, qui est craint mais vous ne devez pas avoir à le prouver donc moins on en fait plus c’est impressionnant, menaçant. Je baisse également le registre de ma voix qui n’a plus rien à voir avec celle que j’ai dans la vie. Cela donne une tessiture enveloppante, un ton qui ne plaisante pas et qui positionne le personnage comme un chef. En accord avec Dominique nous n’avons pas voulu imaginer un personnage caricatural mais que tout ce qui émane de lui coule de source et paraisse crédible."
Peu habitué aux comédies, Jean-Hugues Anglade se confie sur son expérience dans Le Marquis : "Je suis arrivé un peu parano sur le tournage. La comédie n’est pas fondamentalement mon truc, je sais que chaque détail compte, qu’il faut être à bloc sur la mécanique de jeu, comme si vous aviez une épée de Damoclès au-dessus de la tête. (...) Cette pression m’a appris beaucoup parce que j’ai été obligé de me faire violence, de trouver des solutions inédites pour proposer une autre vision de moi-même. Dans ce sens, c’est une expérience qui me laisse entrevoir de nouveaux horizons dans le domaine de la comédie. "
Initialement, Dominique Farrugia souhaitait tourner sur la Côté d'Azur mais il confie : "j’ai revu La Bonne année de Claude Lelouch et je me suis dit que je ne ferais jamais mieux. Deux amis d’enfance installés aux Philippines m’ont envoyé un de leur pote qui voulait me proposer d’organiser des productions sur place. J’ai vu des photos des décors, trois jours après j’avais pris ma décision. Deux mois plus tard nous commencions à tourner et mon souhait de faire vivre des aventures à mes personnages dans un décor qui dépayse complètement - entre buildings de Manille et petites rues de quartier à Cebu - était finalement exaucé."
Dominique Farrugia évoque son admiration pour les réalisateurs d'Ocean's Eleven et de Man on Fire : "Si un jour je devais être réincarné j’aimerais bien que ce soit en Steven Soderbergh, un type qui passe de genre en genre avec un tel talent, qui peut faire Solaris, L'Anglais entièrement tourné à l’épaule ou The Good German. J’avais ce dernier film en tête mais aussi certains autres longs métrages d’action de Tony Scott. Mais bon, il faut garder les pieds sur terre : je ne suis que Dominique Farrugia."
Dominique Farrugia se décrit en tant que réalisateur : "À l’inverse de certains metteurs en scène, je n’ai pas de musique en tête, j’ai un rythme et une envie que je tente de suivre. Je sais où je veux emmener les acteurs. S’ils me font des propositions qui ne sont pas forcément dans la même tonalité, dans la même mélodie, mais qui vont dans le bon sens, je prends." Richard Berry, lui, explique que Farrugia "sait parfaitement se servir de la personnalité de chacun et utiliser ce qu’on lui propose. (...) On ne peut avoir que confiance dans le regard que Dom porte sur la comédie, il a largement fait ses preuves dans ce domaine. Sa façon, assez unique, de diriger consiste à être le premier spectateur. Son regard, son rire vous rassurent et vous donnent l’envie d’être toujours plus efficace." Pour Jean-Hugues Anglade, il est "extrêmement pragmatique : si ça marche c’est bon, sinon il n’hésite pas une seconde à vous le dire avec les mots justes, avec gentillesse, certes, mais c’est dit frontalement. Ce genre de comportement est évidemment très rassurant pour un acteur même si cela peut de temps en temps piquer votre orgueil."
Les acteurs reviennent sur ce qui les a séduits dans le scénario : "J’ai d’abord trouvé l’histoire très drôle, écrite dans un registre comique qui me correspondait, me plaisait et m’excitait", déclare Jean-Hugues Anglade. Quant à Richard Berry, il a "trouvé ce scénario particulièrement bien écrit, fourmillant de nombreux rebondissements et de situations qui, au fil de l’histoire, me paraissaient extrêmement drôles." Enfin, Franck Dubosc explique : "l’histoire très bien ficelée, l’idée de former un tandem avec un grand acteur français, le fait que mon personnage soit un mec normal avec femme et enfant - la première fois que ça m’arrive au cinéma - qu’il soit confronté à un danger réel et qu’il possède un peu plus de vêtements qu’un simple maillot de bain, tout cela m’a attiré. Le cocktail comédie/suspense était vraiment alléchant."
Avec des températures avoisinant les 45°C, les conditions climatiques n'ont pas épargné l'équipe du film. Toutefois, l'accueil des habitants, l'environnement et la bonne ambiance du tournage ont rendu la situation plus confortable. "Le contexte est très agréable, les gens sont d’une gentillesse exquise. (...) Bien sûr, la chaleur extrême (...) nous obligeait à être encore plus concentrés, à donner le maximum. Quand vous savez qu’après cinq minutes de jeu il faudra ôter votre costume et votre chemise pour les passer au sèche-cheveux et que vous devrez vous refaire maquiller, vous avez envie d’être très bon tout de suite. Enfin bon, il y a des conditions bien pires que celles-ci qui consistent à ne pas tourner de film du tout et à être au chômage. Il ne faut pas se plaindre", explique Richard Berry. Dominique Farrugia, lui, est tombé sous le charme de l'archipel : "les gens sont adorables. Les Philippines étant un pays où le cinéma est important, nous avons pu compter sur un vivier d’acteurs, de figurants et de techniciens. À Cebu, chaque quartier (ou barangay) a son capitaine. Pour bloquer quelques rues plusieurs jours de suite, nous avons dû donner un peu d’argent à celui qui administre l’endroit où nous tournions : il a acheté un cochon et invité tous les habitants à le partager. Je suis réellement tombé amoureux de ce pays et de cette vie communautaire très forte."
Richard Berry revient sur le tandem qu'il forme avec Franck Dubosc : "Nous sommes très opposés, nous ne venons pas des mêmes univers, mais j’avais vraiment envie de cette confrontation. Je n’ai aucun à priori sauf sur les mauvais acteurs et les crétins. Franck ne figure dans aucune des deux catégories. Très rapidement il a oublié qui il est pour se plonger, comme moi, dans les situations et s’abandonner à elles. Je ne l’ai pas vu faire du Dubosc. Dominique qui est un excellent directeur d’acteurs et qui le connaît bien ne l’aurait jamais laissé glisser sur cette pente dangereuse. Ce qui n’a pas empêché Franck, en dehors des prises, de me faire beaucoup rire."
Franck Dubosc évoque sa collaboration avec Richard Berry : "Non seulement nous sommes très différents et assez complémentaires pour former un duo comique classique, mais Richard sait aussi faire rire. (...) Quand vous avez Richard Berry en face de vous, il faut lui rendre ce qu’il vous donne pour qu’il s’amuse aussi un peu, qu’il ne regrette pas son choix." Jean-Hugues Anglade ajoute : "Richard ne semble pas concerné par ce qui se passe. (...) Il arrive devant la caméra et il donne tout, de façon extraordinaire. Je trouve qu’avec la maturité, avec l’expérience de l’écriture et de la réalisation, il a pris une dimension, une ampleur incroyable. C’est une pointure."
Franck Dubosc confie une anecdote de tournage au sujet de son partenaire de jeu : "Le soir de son premier jour de tournage, (...) il m’a adressé ce petit texto : «merci pour ta générosité». Recevoir ce genre de message de la part de quelqu’un qui vous a fait rêver en tant qu’acteur est une récompense formidable. Jean-Hugues participe grandement à la crédibilité de l’histoire. Il est à fond." Richard Berry ajoute : "Je n’avais joué qu’une seule fois avec lui il y a trente ans dans «L’illusion comique» au théâtre. J’ai toujours considéré Jean-Hugues comme un formidable acteur mais je trouve qu’il a pris une dimension, une profondeur nouvelle depuis la série Braquo. Je me suis extrêmement bien entendu avec lui, j’ai envie de le revoir et je dirais même de le faire tourner."