Quelques temps après la mort de son père, le jeune écrivain Sal Paradise rencontre Dean Moriarty un jeune paumé au charme ravageur. Sal est fasciné par Dean et sa fougue, c'est ainsi qu'il le suit à travers l'Amérique de New-York à Mexico en passant par Denver, accompagné tantôt du poète perché Carlo Marx ou encore de Marylou la très libre maitresse/femme de Dean. Il a fallut plus de cinquante ans pour que le chef-d’œuvre de la beat-generation signé Jack Kerouac soit adapté au cinéma, c'est énorme et cela relève surtout de la difficulté d'adapter à l'écran une œuvre qui est en perpétuelle mouvement et qui jamais ne se fixe dans un état statique, l'anti Madame Bovary donc.Ce défi de filmer la fureur de vivre, c'est le brésilien Walter Salles qui l'a relevé, après tout c'est bien lui qui avait réussit à mettre en scène l'itinéraire agitée de Che Guevara. Et bien ce défi est largement réussit tant Salles parvient a insuffler au film le souffle épique, la rage et l’incandescence du livre de Kerouac. En effet comme le livre, le film nous arrache de notre fauteuil et nous traîne dans ces cafés où Allen Ginsberg et William Burroughs ont refait le monde, ou encore dans les transpirantes boîtes de jazz de l'époque. On a d'ailleurs encore à l'esprit la scène déjà presque culte où Dean et Marylou se livrent à une danse pleine de fureur et de sensualité.C'est cette force présente dans la mise en scène qui nous amène à être parmi eux, à suer comme eux et à désirer palper le rythme du jazz jusqu'à la fin de notre vie. Si cette communion entre le spectateur et le film est possible, c'est aussi grâce au formidable jeux des acteurs: Tom Sturridge très touchant dans le rôle du poète aux multiples questions existentielles, Viggo Mortensen parfait en père spirituel complètement halluciné, Kirsten Dunst en femme délaissée. Mais les prestations les plus marquantes sont avant tout celles de Kristen Stewart, Sam Riley et de Garrett Hedlund. La première brille par son insolence ravageuse, le second incarne parfaitement la fascination de Paradise pour Moriarty ainsi que la fureur d'écrire de ces écrivains de la beat-generation. Enfin Garrett Hedlund est époustouflant, d'abord par sa beauté magnétique qui fait renaître le charme ravageur de Moriarty, par l'intensité de son jeux qui quant à elle fait renaitre la flamboyance et la soif de vivre de son personnage, enfin sa fraîcheur souligne à merveille l'inconscience sauvage de Moriarty. Une inconscience qui renvoi au caractère quelque peu égoïste du personnage. En effet, le personnage de Dean est amplement traité, il n'est pas seulement question d'un garçon incarnant la liberté mais aussi de quelqu'un incapable d'assumer des responsabilités. Walter Salles a donc su s'entourer de jeunes acteurs très prometteurs pour pouvoir dresser au meiux le portrait de jeunes gens livré à la route et aux sensations. Le seul hic que l'on pourrait émettre, c'est la durée du film trop longue qui fait parfois oublier le dynamisme de l’œuvre originale. Peu importe, Salles a quand même réussit à nous replonger dans les œuvres de Ginsberg, Burroughs et compagnie ainsi que dans la musique jazz.