Walter Salles met en scène le romain phare de Jack Kerouac. N’étant ni adepte de l’écrivain ni de ce genre de cinéma, il s’agissait pour moi d’une découverte, malheureusement peu enchanteresse. A l’instar des critiques cannoises au printemps dernier, le constat est morose. Si l’on pourra retenir quelques très beaux visuels, quelques discours philosophiques intéressants et des acteurs malgré tout investis, ils savaient que le film atterrirait à Cannes, il n’y là pas franchement de quoi s’extasier. De jeunes adultes des années 40, à la recherche de leurs identités, proches de la littérature, sillonnent les Etats-Unis, tentant de fuir un attachement les rendant craintif, voulant vivre, tout simplement. Oui, mais qu’en penser?
Ne rêvons-nous pas de vivre pleinement notre vie, de laisser le superflu de côté, de ne faire uniquement que ce qu’il nous plait? Oui, certainement. De là à ce que cette liberté soit l’équivalent de l’insalubrité, de pauvreté et de mœurs douteuses, non. Kerouac, ne l’oublions pas, est l’un des protagonistes, pas difficile de deviner lequel. En somme, un écrivain terne, à la base, tombant sous le charme d’un jeune rebelle de son époque, ne tenant pas en place, entraînant dans son sillage tous les rêves de pleine liberté imaginables. En somme, une bande de jeunes bohêmes sur les routes américaines, shootés à la Benzédrine, s’envoyant la minette qui les accompagne à tour de rôle, cherchant inlassablement la beauté du monde qui les entoure en volant, écrivant ou s’extasiant de musique, principalement voir intégralement de jazz.
La bande-son, donc, composée de morceaux d’époque, d’abord amusante et exotique, puis ennuyeuse et énervante, symbolise assez bien l’intégralité du film. L’on est relativement attiré, dans un premier temps, curieux même, par le mode de vie que s’apprête à adopter ces jeunes-là, pour finir par franchement s’en lasser, s’ennuyer à les voir essuyer joies et déceptions, ne souhaitant plus, au final s’intéresser à ces doux rêveurs qui pourraient symboliser, au jour d’aujourd’hui, les fléaux sociales vivant sur les dos de leurs semblables. Voleurs, sans emplois, profiteurs, égoïstes et mesquins. Oui, la question, finalement, n’est pas de savoir si nous rêvons de liberté, mais de savoir si liberté est l’équivalent de ce que vivent et font adurer à leurs proches ces jeunes gentiment détestables, exception faite du personnage de Salles, ouvrant finalement les yeux sur le monde qui l’entoure.
Au rayon personnages, l’on aura tout de même droit aux quelques apparitions, peu significatives, d’Amy Adams, Viggo Mortensen ou encore Kristen Dunst. Insuffisant pour donner un plus. Du côté des personnages principaux, ce n’est pas trop mal, même si l’on se lasse de chacun d’eux dans l’heure, de la bêtise de Dean, de la naïveté de Sal et de l’incongruité de Marylou, une Kristen Stewart qui prend des allures de fille facile, plus paumée et à la dérive que réellement libre. En fait, si le concept de Kerouac est tout à fait personnel, le petit monde dépeint ici m’a fait d’avantage pitié que rêver, et l’on s’ennuiera de ces jeunes glandus durant presque deux heures et demie. 07/20