Sur la route, le rouleau original de Jack Kerouac, est de ces œuvres auxquelles on peut difficilement trouver des défauts. Cela en faisait donc un livre quasiment inadaptable et pour sûr, le long-métrage du brésilien Walter Salles en a déçu plus d’un. Et pourtant, le film promettait d’ores et déjà un casting de toute beauté. De la jolie rebelle abonnée aux magazines people, Kristen Stewart, au vétéran Viggo Mortensen, on peut dire qu’il y a du joli monde. On pourra notamment mentionner la surprenante apparition de Steve Buscemi, qu’on n’attendait pas forcément dans un rôle de ce genre (non, je ne dirai rien !). Malgré tout, on parvient à trouver une légère faille dans ce casting : Dean Moriarty (Neal Cassady, pour les puristes). Un personnage qui, sous les traits de Garrett Hedlund, décevra probablement une grande partie des lecteurs - moi y compris - par un manque de charisme certain. Sam Riley, de son côté, s’en sort très bien en Jack Kerouac. Ensuite, on pourra notamment regretter l’inévitable et regrettable fait qu’il manque beaucoup de moments forts du roman. Bien évidemment, en deux heures vingt, l’essentiel a été dit mais on reste cependant sur notre faim, en songeant à ce qui aurait pu être fait sur les quelques temps morts du film. Et pourtant, pas d’ennui au rendez-vous dans cette ambiance jazzy, qui peine malgré tout à instaurer une atmosphère 50’s qui collait si bien à l’image du livre. En effet, beaucoup de choses semblent fausses et il est fréquent que certains détails ne prennent pas. Par ailleurs, le réalisateur ne parvient presque pas à faire de Sur la route un road-movie digne de ce nom, faute de ne pas faire vibrer la route. Cependant, les quelques défauts énumérés précédemment n’occupent heureusement pas la majeure partie du film et il en aurait fallu beaucoup plus pour que cela gâche ses nombreuses qualités. On pourra tout d’abord citer une superbe bande-originale – ce qui n’a rien d’étonnant en soi – qui contribue à imposer cette image jazzy qui colle à la peau du long-métrage. Ensuite, Walter Salles a su attribuer de Sur la route un style visuel aussi sobre que maîtrisé, ce qui est en soi une réussite. Et puis n’oublions pas l’essentiel : on passe un bon moment en compagnie du protagoniste, et qu’importe que la forme finale du long-métrage soit plutôt imparfaite. En conclusion, pour que Sur la route soit apprécié à sa juste valeur – à savoir un bon divertissement –, le spectateur se doit de faire un minimum le vide sur les souvenirs qu’il garde du livre, afin de ne pas s’apercevoir de quelques défauts.