Ce film, librement inspiré d'un roman de l'auteur italien Umberto Contarello, est né de la volonté de la réalisatrice de filmer l'Italie d'aujourd'hui de manière détournée, "à travers la rencontre entre deux personnages venant de mondes inconciliables", comme elle l'explique. Afin de s'octroyer une liberté plus fertile à sa création, et par respect pour l'écrivain, elle a insisté pour écrire son histoire seule : "car je voulais être libre de faire de son beau roman un mauvais film. Je me suis donc ainsi immergée seule dans cette histoire qui m’a servie de trame, reçue comme un cadeau par Umberto et Riccardo Tozzi, mon producteur, qui me l’ont offerte."
Dès la naissance du projet, Francesca Archibugi a eu la conviction "que ce film allait reposer sur les acteurs." Elle explicite sa pensée : "Les acteurs sont importants pour tous les réalisateurs, mais pour moi, ils sont essentiels. Ce sont eux qui tiennent les rênes, sans même le savoir, et je dois les faire se sentir totalement libres d’évoluer dans la cage de fer dramaturgique que je leur ai construite." Cette technique de travail peut être risquée si elle tombe sur des interprètes qui ne seraient pas à la hauteur de ses intentions, mais elle n'a pas eu de problème de ce type avec le casting qu'elle avait choisi, à bon escient :"J’ai eu la chance d’avoir des acteurs exceptionnels : chacun m’a fait don de soi de manière émouvante et profonde."
"Artisanal, voilà la réponse que donnera la réalisatrice si vous lui demandez de décrire son travail, une affirmation qu'elle applique autant à son processus d'écriture qu'à la production à proprement parlé. Depuis toujours, elle fonctionne selon un procédé qu'elle définit ainsi : "j’écris avec le marteau et le rabot, je bâtis des marches, je forge les dialogues". Regarder d'abord, savoir montrer ensuite, voilà une conception de l'art complexe du tournage qui pourrait lui correspondre et cette assertion poétique qu'elle précise : "je choisis les optiques, j’étends des voies, au mix je monte les pas et je baisse le vent mille fois", tel le gage d'un certain regard. Il ne faut donc pas s'étonner, d'après ce "manifeste", de voir l'acharnement qu'elle a mis dans la genèse de son projet : "Mes collaborateurs et moi nous sommes agrippés pendant des années au cou d’une histoire, les dents enfoncées dans chaque infime détail, qui, comme le fragment d’une mosaïque, ira composer la netteté ou l’imprécision du dessin…"
De leur propre aveu, l'identité de la réalisatrice a influencé les acteurs dans leur choix de participer à l'aventure. Antonio Albanese, l'interprète d'Alberto, commente : " Mon intérêt pour ce projet est aussi né de mon désir de travailler avec une femme réalisatrice, qui s’est révélée beaucoup plus forte et tenace que tous les réalisateurs avec qui j’ai pu collaborer". Kim Rossi Stuart expose quant à lui son impression sur le projet dans son ensemble où, là encore, la personnalité de Francesca Archibugi est impliquée : "J’ai été véritablement séduit par l’aspect léger du film, par la comédie. J’ai essayé de la pousser jusqu’à la limite du possible, même si je reste persuadé que dans le cinéma de Francesca Archibugi il y a toujours un fond de mélancolie, poignant".